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(shelby) free in the knowledge that one day this will end

 :: everybody wants the world :: les rps
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Lun 22 Aoû - 18:11

( free in the knowledge )
@Shelby Wright
Une porte claque. Un bruit de talons résonne sur le pavé de la ruelle éclairée par un unique lampadaire à la lueur blafarde. Quelques secondes plus tard, le cliquetis d’un briquet qu’on actionne se fait entendre tandis que de la fumée s’élève doucement des lèvres rouges. Une femme en trench coat beige scintillant de mille feux fait quelques pas en avant, cigarette aux lèvres. Femme fatale. Le tout a une atmosphère de film noir des années 20. Pourtant, ce n’en est pas un, loin de là. Et la femme au trench coat n’en est pas une. Pas vraiment une femme, pas vraiment un homme, une créature mystique pourtant bien faite de chair et d’os qui se prépare à prendre la scène de ce petit bar LGBTQ+ d’Aurora. D’aucun dirait qu’elle n’y a pas sa place, aux vues de sa renommée mondiale, qu’elle devrait être en train de faire le tour du monde, et c’était exactement ce qu’elle faisait jusqu’à il y avait quelques semaines. Rentrée de France quinze jours plus tôt, Sasha fait un break bien mérité et se contente de petits gigs ici et là aux Etats-Unis. Elle ne sait pas complètement s’arrêter, même quelques jours. Pas bon pour son cerveau. Elle réfléchit trop et travailler, être sur scène, est le seul moyen pour elle d’étouffer des pensées trop encombrantes.

Onze mois plus tard, elle peut enfin se dire que ces pensées ne font plus mal. Plus tout le temps, en tout cas. Elle peut à présent penser à lui et, si elle ressent toujours autant la tristesse et le vide, elle sait aussi se souvenir combien ils étaient heureux. Mais elle se souvient encore trop clairement avoir vécu des mois entiers dans la douleur et celle-ci ne s’atténuait qu’une fois le pied posé sur scène. La scène a toujours été pour elle, son petit bout de paradis, de jardin qui, même si elle le partage avec des centaines et des milliers de personnes, restait irrémédiablement secret. Comme elle l’a toujours dit, si elle fait du drag, c’est pour faire rêver les gens, leur permettre de s’évader, mais avant tout pour survivre. Sans ça, elle ne serait pas complète. Sasha ne serait pas elle-même sans ses vêtements faits sur mesure par les plus grands couturiers, ses perruques noires, ses hauts talons et ses lèvres rouges. Mais ce n’est même pas la peine d’y penser, se dit-elle avec une détermination forcée. Seule dans la ruelle, elle secoue la tête et écrase sa cigarette sur le muret de pierre à côté d’elle avant d’y abandonner le mégot pour s’avancer vers la rue principale. La grande dame espère ainsi estimer la longueur de la file d’attente pour entrer dans le club. Si elle ne fait pas au moins le tour du bloc, se dit-elle avec orgueil- mais elle n’a pas le temps d’affiner sa pensée car elle doit se faufiler entre deux groupes d’amis qui attendent pour entrer et la reconnaissent instantanément. Heureusement ce n’est pas l’émeute, les gens restent sagement en ligne mais tous la regardent avec de grands sourires.

Sasha, elle, affiche un léger sourire, plus que satisfaite de voir tout ce monde. Pour un petit bar dans une petite ville, sans l’affluence folle de New York, Los Angeles ou même San Francisco, ce n’est vraiment pas si mal. Elle remonte la queue sans se presser, avec l’intention d’entrer dans le club par la grande porte. Les affiches créées par le gérant pour la soirée sont belles, elles attirent l’œil, et les clients visiblement. Elle qui était plutôt réfractaire à l’idée de signer ce contrat se trouve finalement agréablement surprise, d’autant plus que l’ambiance à l’intérieur était bonne, comme elle a pu le voir pendant qu’elle se préparait. Ce n’est pas sa première soirée mais sa satisfaction ne fait que croître. Ce n’est qu’en arrivant devant les portes que son enthousiasme retombe et qu’elle se souvient du seul point négatif de ce bar. Elle se tient juste devant lui. Colosse de quasiment deux mètres aux bras tatoués et aux yeux bleus perçants derrière sa crinière brune. Elle qui, d’ordinaire, se sent extrêmement grande et imposante en drag se sent toute petite face à lui. Mais il n’y a pas que la taille qui compte. Il y a aussi le charisme et l’insolence, ce qu’elle a de bien français.

Leurs regards se croisent et s’accrochent tandis qu’elle s’approche sans la moindre hésitation. Il va bien finir par s’écarter et la laisser passer, se dit-elle. Pourtant, force est de constater qu’il ne bouge pas d’un pouce, le Red. Motherfucker. L’attitude arrogante, elle s’arrête face à lui et le dévisage intensément, ne se laissant pas une seule seconde intimider. Lorsque ses lèvres s’entrouvrent, elles produisent un petit bruit de claquement agacé.

Ce ne serait pas la première dispute, entre eux, et certainement pas la dernière. L’attitude odieuse, borderline homophobe, de Red réveille en elle des pulsions limite violentes. Comment ose-t-il se comporter de la sorte au vingt-et-unième siècle, d’autant plus travaillant pour un bras si inclusif ? Et pourtant, leurs échanges par message diraient tout autre chose. A dire vrai, elle ne sait même pas pourquoi elle a son numéro de téléphone ni comment ont commencé ces messages. Tout ce qu’elle sait, c’est que le Red de son téléphone n’est pas le même que le sombre connard qui garde la porte d’entrée comme Cerbère, le petit toutou gardant les portes des Enfers. A son arrivée au club, elle n’a pas pu s’empêcher de remarquer la beauté de cet homme, une beauté sombre et pourtant un peu clichée qui avait le don de la fasciner. Il est tout ce qu’elle n’est pas. L’ombre face à la lumière.

Let me in. Son ton est froid, à peine cordial, mais elle parle doucement afin de ne pas créer d’esclandre, et surtout, elle lui adresse un sourire poli qui veut tout dire.



( Pando )
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Lun 22 Aoû - 20:32
free in the knowledge


TW: violence, vocabulaire cru, sang et blessure, homophobie, blasphème


Regard de vautour hissé en haut d’une silhouette immense toisant la file d’attente d’un air mauvais, méfiant, Red occupait presque toute la largeur de la porte rien qu’en croisant les bras. Et les seuls interstices laissés par ses épaules imposantes n’inspiraient pas confiance. Il aurait brisé le cou du premier imprudent qui aurait eu la brillante idée de tenter de forcer le passage.

« Dude I've already said no three times this week, take a hint or it's going to get really ugly. » La voix rieuse, bien protégée, comme la capsule renfermant le noyau d’un robot, à l’abri grâce à son armure, ou, dans le cas de Red, un bon 90kgs de muscles.

Poussant le malheureux forceur sur le côté, il ne s’en occupa pas plus. Si le grouillot continuait d’insister, ce n’était plus son problème. Il avait bien dû prévenir son patron à l’embauche qu’il avait quelques problèmes de colère et de violence… Sans doute qu’il ne l’avait pas présenté comme ça, sans doute qu’il avait simplement dit qu’il ne fallait pas le chercher, sans doute que son patron avait cru à une bonne chose, et dieu qu’il s’était trompé, et de beaucoup.

Efficace. Red était efficace. Aucun problème, aucun fouteur de merde, aucun incident, ou du moins aucun incident majeur. Et même quand, à l’intérieur, une autre tête décidait de se remplir de dix fois son poids d’alcool et de grimper sur les tables, il avait su intervenir à temps. Et ce n’était pas tant son efficacité qui permettait ça, c’était sa violence et sa rapidité et sa facilité à l’utiliser. Red usait toujours de la violence en premier. Les phalanges rougies et la peau parsemées d’hématomes. Son corps entier comme un champ de bataille. Il n’avait pas gagné tous ses combats. Parce qu’il n’avait jamais vraiment eu peur de quoi que ce soit, même des fois où il aurait vraiment, vraiment dû. Il s’était attaqué à plus fort que lui, à plus nombreux que lui et il avait récolté des belles cicatrices, un nez légèrement tordu, un endroit de son sourcil et de sa barbe où les poils ne poussaient plus et où tout ce qu’il restait était une ancienne cicatrice. Il en avait même oublié certaines, parfois complètement, parfois juste leurs circonstances d’arrivée.

Irresponsable. Red était totalement irresponsable. A vivre au jour le jour à son âge, à ne faire attention à rien, à se foutre de tout, gamin immature qui ne vivait que pour lui, qui cherchait à tout prix à assouvir tous ses désirs sans comprendre quand parfois ce n’était pas possible, incapable de garder un boulot plus d’un an, presque six mois à bosser pour un Club qu’il détestait, mais au moins, la paie arrivait tous les mois et c’était sans doute ce qui lui permettait de tenir dans un lieu qui lui donnait envie de vomir (ou alors peut-être était-ce les quinze gin tonic qu’il s’enfilait par soir, soi-disant offerts par la maison alors qu’il savait très bien qu’il allait raquer à la fin du mois)…

La nuit avait plutôt bien commencé, la file d’attente devant la boîte ne désemplissait pas, certains se bousculaient, certains s’impatientaient, il s’en foutait bien. Ce n’était pas ça qui allait faire rentrer plus de gens. En plus des quotas de sécurité et en tant que physionomiste, il avait un très bon œil pour savoir qui allait créer des problèmes (le principal et plus gros problème étant lui-même, il reconnaissait assez facilement les membres de son espèce…).

« You’ll be good ? »

Un étudiant, sans doute à peine majeur et son groupe de copains, sans doute leur première fois, sans doute qu’ils venaient de se découvrir une orientation sexuelle qui différait de celle qui leur avait été inculquée, différente de celle que papa, maman et l’Eglise -sans doute- considérait comme autorisée, comme respectueuse, comme suffisante pour ne pas cramer dans l’un des neufs cercles de l’enfer. D’ailleurs, en baissant les yeux vers les gringalets qu’il aurait pu détruire d’un éternuement et qu’il sentait tressaillir à chaque fois qu’il avait le malheur de bouger ne serait-ce qu’un sourcil, il remarqua la croix chrétienne, pendentif qui se pensait salvateur attachée au cou de l’un d’eux. Crachant par terre, à deux centimètres de ses chaussures, Red souffla de sa voix à la fois mielleuse et terriblement douloureuse

« So tell me, in Hell, the horned guy, what does he do to fags? »

Insulte même pas dissimulée, réprimande qu’il avait reçu des dizaines et des dizaines de fois par son patron, soi-disant qu’il devait arrêter d’insulter les gens… Plutôt crever. D’ailleurs, alors que les quelques jeunes le regardaient avec un air horrifié, sans doute persuadé d’avoir le diable devant eux, venu les chercher, un grand sourire mauvais étira ses lèvres et il déclara d’un air enjoué en leur ouvrant le cordon pour les laisser entrer

« Don't worry, whatever it is, I'm sure there are plenty of much more horny guys here who would be happy to do it for free. »

Séduisant. Terriblement attirant. Beaucoup trop pour ne pas être troublé par la dualité du personnage. Qu’est-ce qu’un mec comme lui foutait là ? Il s’était posé la question avant d’y répondre en quelques secondes -de toute façon sans doute qu’il n’avait aucune volonté intellectuelle de réfléchir plus- : l’argent. Il était attiré par l’argent. L’argent volé, l’argent légal, l’argent sale, il avait fait des choses horribles pour de l’argent. Travaillé pour un gang de suprémacistes blancs parce qu’il avait besoin de la thune, parce qu’il était du côté des gagnants, quelle que soit l’histoire écrite. Il s’adaptait. Il se fichait des camps, des guerres, des conflits. Il voulait sa thune, être tranquille le soir chez lui. Et, forcé de constater que sa tranquillité, il la retrouvait également à garder cette file d’attente, adorant sa position de supériorité, adorant les dominer d’un regard, leur faire peur, leur rappeler leur faiblesse. C’en était presque jouissif.

Si c’en était presque jouissif, le moment culminant de son orgasme vint quand il la sentit approcher. Comme un orage, il sentait l’air crépité bien avant qu’elle n’apparaisse dans son champ de vision. Et puis elle se planta devant lui, lui qui n’avait toujours pas bougé depuis qu’il ne s’était pas empêché de la toiser jusqu’à ce qu’elle arrive jusqu’à lui.

« Not so tall « La Grande Dame » uh ? » Surnom qu’il prononça en français, totalement incompréhensible par tout le monde sauf elle à cause de son accent, « I'm sorry this evening is for regulars only. And I can see that you aren’t one of them, since you have probably forgotten the most basic rule of the place: any exit is permanent. »

Règle qu’il avait totalement inventée, par plaisir…



@Sasha De Lorenzi
lumos maxima
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Mar 23 Aoû - 14:50

( free in the knowledge )
@Shelby Wright
Entre eux, il y a une tension électrique, presque violente. S’il ne bouge pas, elle non plus. C’est à qui cèdera en premier et Sasha sait pertinemment que ce sera lui. Il n’aura pas le choix car, dans le pire des cas, le patron entendra les éclats de voix à l’extérieur et rappliquera pour sauver sa belle – son gagne-pain – et réprimander une nouvelle fois le videur qui semble avoir plus de chances que les chats n’ont de vies. Elle l’a déjà entendu faire des remarques absolument horribles à des clients, intervenant dès que possible. Bien sûr, cela pourrait être la raison de sa haine envers elle, mais ce n’est pas le cas. Il la haïssait déjà, rien qu’en la voyant pour la première fois. Elle se souvient encore s’être approchée de lui en se disant qu’il était plutôt bel homme, voire même tout à fait son type, et que même s’il semblait terrifiant, les apparences étaient sûrement trompeuses. Quelle erreur. Il était exactement la personne qu’il semblait être. Froid, haineux, enragé.

Elle laisse échapper un soupir agacé, changeant légèrement de position. Une main sur sa hanche, ses bras étant auparavant croisés devant sa poitrine, cachant les angles vertigineux de sa taille de guêpe qui, même dissimulée sous un trench coat, fait halluciner. S’il ne trouve plus rien d’autre à lui dire que des commentaires sur sa taille, ça doit donc vouloir dire qu’elle a gagné, se dit-elle, la fierté et l’orgueil naissant dans sa poitrine. Pourtant, elle ne laisse rien transparaître sur son visage et contente de lever les yeux au ciel. You are so pathetic, répond-t-elle simplement. Du coin de l’œil, elle a bien remarqué que quelques personnes ont dégainé leur téléphone pour prendre des photos et la filmer. Si elle s’en sert bien, elle peut ainsi retourner la situation à son avantage. Cette pensée est brève, car elle se rappelle immédiatement que Red se fout royalement de ce genre de choses. Au contraire, il pourrait même prendre son pied à être filmé. Quant aux clients, ils doivent probablement filmer en pensant que tout cela n’est qu’une mise en scène. Si seulement.

En plus, il a l’audace d’inventer des règles, ses propres règles. Elle en a le souffle coupé, la grande dame. Puis, lorsqu’elle retrouve son souffle, elle laisse échapper un rire à la fois outré, nerveux et faussement hilare. You’re just a lousy little bouncer, what makes you think you can make the rules, here? I’m on the poster, but go ahead, keep trying, honey. The only one looking stupid, right now, is you. Not that it would change from the usual, would it? Bien que légèrement plus petite, Sasha n’en démord pas d’audace. Elle redresse la tête, lève le menton, l’observant d’un air hautain. Il ne lui fait pas peur. Elle sait qu’il n’hésitera pas à en venir aux mains si elle lui en donne une bonne raison, mais elle a vécu si pire que deux ou trois coups au visage. Son regard est froid, impénétrable, mais ne flanche pas sous les yeux noirs de l’homme face à elle. A ce combat-là, il ne gagnera pas. Tout son corps vibre de rage.

Elle a trop été victime de discrimination. Elle était trop efféminée, trop queer, trop gay. Pendant longtemps, Sasha s’était laissée marcher sur les pieds, jusqu’à finir à l’hôpital, à l’article de la mort. A partir de ce jour-là, elle s’est dit : plus jamais. Alors même Red ne suffira pas à la faire craquer. Son combat, c’est le combat de tant d’autres et pour tous ces autres, elle ne veut pas perdre.

Mais il y a autre chose aussi, dans cette rage de gagner, d’avoir le dernier mot, quelque chose de beaucoup plus personnel qui la bouleverse sans qu’elle comprenne réellement pourquoi. Probablement sans le savoir lui-même, cet homme la rend folle. L’envie de le gifler mais aussi de toujours, irrémédiablement, revenir vers lui. Elle n’a ressenti cette sensation qu’une seule fois avant lui et cela lui a apporté autant de bonheur que de malheur, alors elle ne veut plus se laisser avoir. De toute façon, hors de question de se lier d’une quelconque manière à cette espèce de sous-race homophobe et malsaine. Alors, détournant enfin le regard, la grande dame se tourne vers la file de clients qui observe la scène avidement. See, guys, that homophobic asshole is what is gonna let you in to your favorite queer club. D’un geste du bras théâtrale, elle le désigne et va même jusqu’à s’incliner devant lui. Elle entend quelques personnes huer mais très peu. C’est vrai que Red en impose et ferait peur à certains. Take a picture, my loves, it’ll last longer.

C’est avec un sourire maléfique qu’elle se tourne à nouveau vers le videur, reposant une main sur sa taille de guêpe. Now, if you don’t want me to get your sorry ass fired, move aside and let me in. On ne peut pas dire qu’elle sache avec certitude que Red a besoin d’argent mais elle l’a bien compris. Pourquoi une personne comme lui travaillerait-elle dans un bar LGBT sans en partager les convictions, si elle n’était pas en manque d’argent ?

Sasha fait un pas en avant. Puis un autre. Ils sont à présent tellement proches que Red pourrait la toucher sans même avoir à tendre la main. Il peut facilement croiser son regard et remarquer l’éclat bleu dans la couleur ambrée de son œil gauche. You don’t know me. You don’t know who I am. You have nothing on me. You’re just a sad, lonely person who takes pleasure in humiliating others to make you feel better about that empty life of yours. So do your job and move.



( Pando )
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Mer 24 Aoû - 8:36
free in the knowledge


TW: violence, vocabulaire cru, sang et blessure, homophobie, blasphème


La chose la plus énervante sur Red n’était pas sa répartie, même pas son homophobie ou son air insolent qui donnait tout de même -il fallait l’avouer- envie de lui en coller une, ou deux, ou trois, voire quinze. Non. La chose la plus énervante chez lui était sans doute le fait qu’il donnait l’impression de se foutre de tout. Que rien ne pouvait l’atteindre. Qu’il pouvait pisser le sang par tous les orifices et quand même rigoler en voyant la forme que prenaient ses quelques dents perdues au sol. Red était un monstre. Foncièrement violent, son regard était constamment animé d’une étincelle effrayante, jamais calme, jamais reposé. Un casier judiciaire plus grand que lui, les poings défoncés et le nez tordu à force de se battre, des gestes brusques et souvent incontrôlés, on l’imaginait sans peine à boire plus que de raison dans les bars uniquement pour provoquer d’autres personnes uniquement pour se battre.

Alors quand une Sasha, campée sur ses positions, sa taille de guêpe qu’il ne regarda même pas, le visage droit, ancra férocement ses yeux dans les siens, il crut pendant un instant qu’on venait réellement de les condamner à se regarder à jamais. Pour cause, il chercha un instant à arrêter et n’y parvint pas. Et, chose plus étonnante encore, plus qu’il ne pouvait pas s’arrêter de la regarder, il ne voulait pas s’arrêter de la regarder. On aurait pu lui proposer une mallette d’un million de dollars en cash qu’il n’aurait pas détourné le regard des angles écharpés de sa mâchoire et de l’éclat noirs de ses yeux. Sasha était un orage à elle toute seule. Elle ne présageait rien de bon. A sa vue, ceux qui ne faisaient pas le poids fuyaient, baissaient les yeux, espérant un peu de clémence de la part de cette catastrophe naturelle juchée sur talons hauts, ange néfaste envoyé tout droit du paradis, ravageant tout sur son passage. Red la haïssait. Il la haïssait tellement fort qu’il n’arrivait plus à arrêter de la fixer.


« Oh honey… » Souffla-t-il, caricatural, en la refaisant, « keep persevering, your voice will stabilise as soon as puberty is over I promise. »


La limite entre haine et amour était si fine et l’air crépitait tellement entre eux qu’elle semblait malmenée, servant simplement de prétexte pour rester du côté de la colère, ne pas franchir le pas, ne jamais essayer, ne jamais être honnête. Limite qui lui servait allègrement d’œillères, comme un animal qui ne devait pas se distraire. Il avait un but. S’enrichir. Mais s’il était réellement honnête avec lui-même, il aurait continué à faire son taff comme tous les soirs -à défaut des quelques soirs par semaine où l’orage grondait sur la ville, où son cœur semblait battre un peu plus vite, fonctionnant tellement au tabac et au mauvais alcool qu’il ne s’en était même pas rendu compte-. Non. Au lieu de ça il mettait sa place, son job en danger, pour elle. Ou plutôt pour l’emmerder. Parce que son job faisait sans doute secrètement parti des choses dont il se foutait.

Se penchant pour réduire sa taille de géant, sa bouche effleura son oreille alors que ses yeux se concentrèrent de nouveau sur l’horizon, ignorant totalement la file de personne à côté d’eux qui trouvaient sans doute le spectacle similaire au meilleur film mafieux qu’ils n’avaient jamais vus. Friands d’intimidation, de violence gratuite, de clash, et de toutes les formes d’humiliation publique qui avait gardé certaines chaines de télévisions « on air ». Red aussi était friand de ce genre de choses. Alors, sa barbe négligée frottant très légèrement sur le haut de sa mâchoire, il souffla

« love, don't sweat it, I don't think you can afford it in that outfit anyway, I'll move. But I advise you to take care of yourself. You know the expression "you don't bite the hand that feeds you"? Let me introduce you: you don't raise your voice to someone who could probably break you in two like a match. Just an advice. But I think it would be a shame to ruin such a beautiful face... »

Le compliment avait des airs faux et fort heureusement, son passif tout entier l’aurait aidé pour plaider le faux. Red ne pouvait pas faire de compliments à quelqu’un comme elle. Parce qu’elle ne rentrait pas dans les cases dans lesquelles, non content de s’y enfermer tout seul, il y enfermait les autres. Heureusement, pour lui. Fort heureusement pour lui également, son cerveau tout entier nageait allégrement dans une soupe de testostérone et d’alcool et ce mélange de toxicité servait à le détourner du fait que tous ses muscles se raidirent imperceptiblement quand il s’approcha d’elle. Ce contact n’était pas assez pour lui. Il lui fallait plus. Il avait besoin de plus. Mais il l’ignorait. Et cette frustration allait continuer à alimenter ses pulsions, sa violence… Red était une bombe à retardement qui s’auto-sabotait.

   La relation entre Sasha & Red avait toujours été houleuse, toujours catastrophique à vrai dire, comme une tempête que rien ni personne ne pouvait calmer, comme un tsunami qui avait ravagé les océans et qui se déverserait sur la terre, détruisant tout sur son passage. Leur relation n’épargnait personne, pas même ceux qui sortaient de leur torpeur alcoolisée, relevant le museau de leur téléphone pour les regarder, prendre quelques photos. Ceux qui avaient le cran de le faire, ceux qui pensaient pouvoir soutenir leurs regards quand ils semblaient lancer des éclairs. A vrai dire, si un regard avait eu le pouvoir de tuer, Red serait déjà mort des centaines de fois. Si un nombre incalculable de femmes avaient essayé de le tuer. Certaines tentaient toujours.

Leur face à face prenait des teintes bibliques, presque mythologiques. Comme un affrontement sans merci. David et Goliath, Persée et Méduse… L’air autour d’eux ne crépitait plus. Non. Il était devenu beaucoup trop épais. Tellement qu’on aurait pu le découper au couteau. Tellement que Red sembla bouger avec difficulté. Mais pas par douleur non, comme s’il se retrouvait à devoir forcer sur ses muscles pour s’écarter. Comme si l’Univers lui-même semblait ne pas vouloir les séparer.


« You’re up pretty face, » qu’il la nargua, utilisant ce qu’il décida d’utiliser comme un surnom moqueur, n’ayant jamais été plus honnête qu’à cet instant, « and hurry up, you're going to be late and considering the height of your heels, if you break your face I won't catch you… »


Il aurait plongé dans les neufs cercles de l’enfer pour la rattraper.


@Sasha De Lorenzi
lumos maxima
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Mer 24 Aoû - 17:37

( free in the knowledge )
@Shelby Wright
Et maintenant, il l’attaque sur son jeune âge. Ce type n’a absolument rien sur elle, se dit-elle. Il est mauvais dans le seul et unique but de l’être. Il crache son venin sans raison, car sa vie est triste et solitaire. Pourtant, ce comportement n’éloigne pas Sasha. Au contraire. C’est comme si elle en redemandait constamment plus. Comme si la rage que Red lui inspirait lui procurait une douleur suffisante pour supplanter celle qu’elle ressentait toujours un peu trop souvent, celle d’avoir perdu un être cher et de le voir quasiment partout, au quotidien, alors qu’elle a déménagé pour s’éloigner de tout ce qui pouvait la renvoyer à lui. Mais cette rage dissimule quelque chose d’inexplicable. Une fascination pour ce personnage hauts en couleurs, plein de haine et de rage pour ce qui semble être l’entièreté de l’espèce humaine et surtout la communauté queer dont Sasha fait partie.

Alors qu’il se penche vers elle, la grande dame laisse échapper un bref souffle mais tout son corps se tend. Elle ne bouge pas, ne fait pas le moindre pas en arrière et ne montre pas l’incompréhension du maelstrom d’émotions qui la saisit. La caresse de ses lèvres contre le lobe de son oreille la fait frissonner. Elle sent sa barbe rugueuse frotter dans son cou. L’envie de faire un nouveau pas en avant pour pouvoir concrétiser ce contact est forte mais la drag queen ne montre aucune émotion. You think you’re so scary. You think I haven’t heard worse, been through worse, than a pussy like you threatening to break my neck? Un petit ricanement sombre s’échappe de ses lèvres rouge sang tandis que celles-ci, répondant aux mêmes codes employés par Red, effleurent sa mâchoire. Du côté où elle se trouve, personne ne peut la voir. Personne ne peut voir ce sourire malsain qu’elle affiche, les yeux paresseusement posés sur l’affiche à son effigie. Go ahead. Try and break me. I dare you. Le sort en est jeté. C’est un défi qu’elle lui lance. A ce moment-là, elle ne réfléchit plus et se contente de le provoquer. Secrètement, elle espère qu’il craque un jour. Il y a une partie d’elle, une partie violente et certaine de ne pas mériter d’être en vie, qui a envie que Red lui fasse du mal.

Et bien plus encore. Elle veut sentir ses mains sur lui. Son souffle dans son cou. Sa peau contre sa peau. Ce n’est pas l’air entre eux qu’elle veut sentir vibrer. C’est lui. Lui prouver l’emprise qu’elle a sur lui. Que c’est elle qui va finir par le briser. Même si tout lui hurle de s’éloigner de cet homme, malsain, toxique, violent, qu’elle n’a pas besoin de ça dans sa vie, qu’elle a besoin d’être lovée, chérie. L’autodestruction peut prendre toutes sortes d’apparences. Celle de l’alcool, la drogue, la cigarette, même celle beaucoup plus attrayant d’un homme dans la trentaine qui semble n’attendre qu’une chose : l’esseuler pour pouvoir lui casser la figure. Mais à elle seule, elle sait très bien qu’elle a vécu des choses qui auraient valu à plus d’un de vouloir se foutre en l’air. Pourtant, elle est toujours là. A ce moment précis, le cœur régi par une énergie négative, un ouragan de rage envers cet homme qui, sommes toutes, n’est qu’un connard parmi tant d’autres mais qui prend pour tous les autres, pour tous ceux qui lui ont fait du mal.

Comme toujours, quand Sasha décide de quelque chose, c’est l’autre qui cède et s’écarte. La poitrine de la grande dame se gonfle légèrement, emplie de fierté et d’un égo pas si déplacé que ça, compte tenu de la situation, et elle doit mettre toute son énergie à s’empêcher de sourire de son habituel air goguenard. Elle jubile. Oh, you really think I’m some kind of damsel in distress who needs her man to catch her if she falls? That’s cute. And a little pathetic of you to turn to this to make yourself think you can have the last word. I never fall.

Tête haute, assurée sur ses talons aiguilles, elle fait quelques pas en avant vers la porte d’entrée ouverte devant elle mais, avant de la franchir, elle marque une pause bien calculée et jette un coup d’œil à Red par-dessus son épaule. Le regard qu’elle lui lance est perçant, rayonnant d’une lueur guerrière. Elle a gagné la bataille mais tirer sur un ennemi à terre ne la dérange pas plus que ça. Surtout quand c’est lui. Pourtant, aucun mot ne s’échappe de ses lèvres. Elle se contente de lui adresser un sourire plus que significatif. Un défi. Elle lui a dit plus tôt. Try and break me. Il n’y arrivera jamais, mais le voir essayer sera toujours un spectacle dont elle pourra se délecter. Qu’il se défoule sur elle, si ça peut l’empêcher de le faire sur d’autres, c’est ce qu’elle se dit. Elle a vu bien pire que lui. Lui, elle n’en fait qu’une bouchée. La lionne, c’est elle. Le monstre dans la vie de Red, c’est elle, à présent.

Toujours silencieuse, elle finit par se détourner pour de bon, entrant fièrement par la grande porte. Mais au plus elle s’éloigne, plus le charme pernicieux qu’il exerçait sur elle semble se lever. Sasha tremble de la tête aux pieds alors qu’elle rejoint les coulisses, sans même savoir si c’est la peur ou l’adrénaline. Elle n’est pas peu fière d’elle d’avoir tenu tête à Red. Il ne peut pas se comporter ainsi impunément. D’un autre côté, elle a terriblement peur d’avoir fait une erreur fatale en le provoquant de la sorte. Mais il est trop tard pour reculer et elle ne le ferait pour rien au monde.



( Pando )
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Jeu 25 Aoû - 14:39
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TW: violence, vocabulaire cru, sang et blessure, homophobie, blasphème

Les lumières criardes, le contraste assez dur et féroce entre la scène illuminée comme s’il s’agissait d’une scène biblique –alors qu’elle n’abritait que la débauche- et la salle plongée dans le noir ou sinon éclairée par des lumières très faibles pour laisser circuler les serveuses, les volutes de fumée qui se dissolvait en arabesques, l’éclat des lumières sur le métal froid… A première vue, on pouvait penser que le club était le lieu parfait pour Red mais quand on s’y attardait, on se rendait compte que tout cela était faux. Red n’était pas un mec bien. Pas le genre à prôner l’amour du prochain, pas le genre même à prôner la tolérance du prochain. Pas le genre à prôner quoi que ce soit d’ailleurs, à part le je-m’enfoutisme et sans doute une violence sans limite qu’il proposait en solution à tout. Sans doute qu’il aurait continué à frapper sur un membre cassé dans l’espoir de le réparer.
Il n’était pas débile. Loin de là d’ailleurs. Sans doute avait-il une intelligence bien à lui… Expert dans l’art de faire mal et d’encaisser les coups, un véritable bleu quand il s’agissait de faire marcher le muscle dans sa tête. Tout ce qu’on lui disait, les conseils, les interdictions, tout rentrait par une oreille pour sortir par l’autre presque immédiatement. C’était un miracle qu’il n’ait pas encore été viré. La seule raison qui puisse expliquer un tel paradoxe prouvait que c’en était pas réellement un. Red était bon. Bon à son taff. Excellent physionomiste, il avait une mémoire des visages impressionnante. Il mémorisait tout, sur tout le monde. Imposant, il n’était pas difficile de penser qu’il pouvait intimider sans problème n’importe qui qui aurait le malheur de vouloir passer outre son jugement. Paradoxalement, depuis qu’il était aux commandes des portes, le club n’avait jamais été aussi sûr et, ceux qui avaient la force mentale de ne pas entendre toutes les inepties qu’il pouvait débiter à la minute n’avaient aucun mal à reconnaître qu’au moins, il y avait beaucoup moins d’incidents et de problèmes.
Alors pourquoi s’emmerdait-il à en créer ? S’il s’était contenté de faire son taff correctement sans ouvrir sa gueule, il aurait sans doute été nommé employé du mois. Un bonjour, un sourire pour ceux qu’il autorisait à rentrer et c’était tout. Ca suffisait. Mais non. Il fallait qu’il ouvre sa gueule et Sasha semblait être devenue la cible de la majorité des problèmes qu’il s’évertuait à créer.
Mais voilà il y avait Sasha. Sasha et ses rugissements de tigresses, Sasha qui dansait comme lui jurait, Sasha qui continuait de le repousser, Sasha qui l’avait embrassé une fois. Dans ses rêves. Et il avait cru vomir au réveil. Vomir parce que la sensation était restée sur ses rêves, un horrible délice qu’il ne voulait plus quitter. Un horrible délice qu’il avait passé la matinée à tenter de se remémorer. Un horrible délice qu’il se haïssait d’adorer. Le cauchemar avait été quand il s’était réveillé sans elle, en se rendant compte que si ses mains ne pouvaient l’avoir, son cerveau semblait lui appartenir. Et la douleur d’une obsession avait été si forte qu’il en avait grogné. Infesté par la tigresse et ses yeux bien trop perçants, ses jambes bien trop longues, sa taille bien trop fine, ses cheveux bien trop brillants, ses mains qui étaient à la fois trop près et trop loin de lui, ses reins qui ondulaient quand elle marchait.
Il avait besoin de la posséder. Pour se prouver qu’il ne le voulait pas. Qu’il avait repris le dessus. Qu’il était capable de contrôler ses désirs, ses envies, et qu’il n’avait pas envie d’elle. Mieux, qu’elle le dégoûtait. Il avait besoin de ça. De la faire sienne. Il avait besoin de la faire taire. De la faire taire une bonne fois pour toute. Parce qu’elle était insolente, et elle était insolente même quand elle ne parlait pas. Avec cette peau beaucoup trop laiteuse, ces yeux beaucoup trop beaux, cette bouche beaucoup trop rouge, cet air horriblement parfait qui lui aurait arraché le coeur si l’organe dans sa poitrine fonctionnait toujours autrement que par violentes embardées quand elle daignait poser ses yeux sur lui.
Fier qu’il était, certainement aurait-il été le dernier à se rendre compte que cette chose dans sa poitrine battait, bien plus fort avec Red. Mais il était bien trop froid, pour le moment.

Red était malade. Elle était sa maladie. Son obsession, sa fièvre. Tout devait bon à attirer son attention. A la faire chier. A la faire souffrir. Tout était bon à la rapprocher de lui pour l’en éloigner.
Le contact du corps de Sasha près de lui, loin de l’apaiser, ne fit qu’enflammer, annihiler, détruire même davantage le peu de maîtrise qu’il avait encore sur ses émotions. Il sentait la chaleur de sa peau irradier malgré l’épaisseur de son vêtement, s’immiscer sous le derme, les muscles et les os, empoigner son palpitant qui cogna plus violemment encore dans sa cage thoracique. Nul doute que les battements frénétiques devaient s’entendre à mille kilomètres à la ronde. Sans doute qu’elle ne se doutait pas qu’en le touchant, elle l’avait tué. Red n’existait plus. Plus sous cette forme en tout cas. Plus comme ça. Il était entier. Beaucoup trop pour ne pas que ses poumons ne se remplissent de l’air enflammé qui crépitait entre eux deux. Il avait l’impression de renaître et en même temps, la renaissance avait un goût poisse, crasse, elle avait le goût du sang, le goût du temps perdu, le goût d’un millier de couteaux qu’on enfonçait directement dans sa tête et dans son cœur. Battements erratiques du myocarde qui, sous le coup de la colère et des dizaines, centaines, milliers d’émotions qui bourdonnaient dans sa tête, sembla exploser. Prenant une violente inspiration, son torse, se gonfla plutôt que son ventre, ce dernier frotta une demi-seconde contre sa poitrine.

Elle parla. Il se tut. Docile. Il n’avait pas perdu, elle n’avait pas gagné. Les règles du jeu étaient floues parce que c’était eux qui les avaient écrites. Et à force de vouloir gagner, ils avaient tout les deux perdu. Red avait voulu truquer la machine et à entrer un doigt dans l’engrenage de la course beaucoup trop inexorable du temps, il s’était laissé emporter, broyé par des émotions dont il ne voulait pas, par un désir brûlant qui le consumait. Ils avaient tous les deux perdu. Lui s’était jeté dans les flammes de l’enfer pour elle, et elle avait été le brasier qui l’avait englouti.
La victime ne put s’empêcher de suivre son bourreau des yeux quand elle s’éloigna, murmurant, lèvres serrées, l’air sifflant presque entre ses dents, comme le hurlement du vent se fracassant contre la côte, le cri de détresse de tout un paysage malmené par une tempête, hurlement sépulcral, comme un fantôme venant le hanter. Mais quand elle disparut de son champ de vision, son estomac se souleva, comme un manque d’air causé par le manque de présence de la drag queen. Red fronça les sourcils, trop occupé à contrôler les entrées pour comprendre ce qui se passait. Au bout d’un moment, il eut l’impression de suffoquer. Elle était éloignée de lui depuis trop longtemps. Son ventre se tordit, comme s’il fallait qu’elle comprenne qu’elle n’allait pas s’en sortir aussi facilement. Qu’elle n'avait pas gagné (sans qu’il ne se doute que lui non plus, n’avait pas gagné, loin de là). Mais l’important était sa défaite à elle, pas à lui. L’important était qu’elle comprenne qu’on ne s’éloignait pas de lui comme ça.
Appelant un autre des videurs du club, occupé jusque là à boire quelques verres offerts par la maison pour le remplacer, il le remercia à mi-voix, traversant à son tour la salle sous le regard interloqué des autres employés d club. Sa présence ici était inhabituelle. Il lui arrivait de trainer au bar, souvent même, même de manger là, parfois. Mais jamais ses jambes puissantes ne propulsaient son corps immense par-delà la scène, vers les coulisses.
La porte de la loge s’ouvrit dans un fracas mais plus que le bruit, c’est le silence qui s’en suivit s’insinua jusque dans ses veines. Mais c’était mal le connaître que de penser qu’il allait attendre sagement à la regarder en se délectant de cette vision immonde et sublime. Et personne ne le connaissait. Il paraissait si calme, si conciliant que c’en était anormal. Et c’en était énervant de le voir si calme, si docile. Non. Plus qu’énervant, c’en était effrayant.
Qu’est-ce que Red Wright avait retenu de ses innombrables altercations avec Sasha ? De sa violence ? D’ailleurs, s’en souvenait-il ? De chacune ? Chaque fois qu’elle avait soufflé, qu’elle l’avait toisé… Que lui restait-il de tout ça ?

Le calme.

Leurs altercations n’étaient pas que bruyantes. Elles n’étaient pas le moment où elle partait sans se retourner, sa violence ne se trouvait pas dans le gargouillis atroce du sang qui remplis la gorge ni même le glas sombre et puissant d’un coup de feu ou le bruit glacé d’une lame de couteau qu’on dégainerait. La violence se trouvait dans l’instant juste après. A la seconde près. Le silence qui suivait la violence et l’horreur. Certains n’avaient jamais pu le supporter, certains en avaient perdu la raison et étaient devenus fous. Ce silence était insupportable, il faisait taire tous les fourmillements de vie, tous les espoirs, tous les souffles, le moindre battement de cil, la moindre feuille morte transportée par le vent. Tout était emportée, dans ce silence. Certains le haïssaient, le redoutaient, Red le recherchait.


Il y trouvait une forme de plénitude. D’agréable solitude, à chaque fois qu’il avait été violent, il avait eu l’impression de s’élever un peu plus haut. Et quand il frappait, quand il se retrouvait face à lui-même dans ce silence monumental et grandiose, il se retrouvait changé. Il se trouvait meilleur, plus fort, plus éclairé, il observait le monde de plus haut et à chaque fois qu’il frappait, il s’élevait encore un peu, guidé par cette soif de calme, un calme qu’il n’avait jamais pu trouver alors qu’il avait fini par provoquer, de lui-même. Il ne pouvait pas faire taire la vie lui-même, alors il faisait parler la mort.

Quoi de plus insupportable pour lui que les bruits de la vie elle-même ? Le simple son métallique d’un ascenseur se mettant en marche, un gobelet en plastique vide qu’on écrase pour jeter, le bruit d’une cigarette qui se consume, le simple bruit de deux regards qui s’entrechoquent, quoi de plus beau qu’une fausse note ? Quoi de plus grisant que la sensation de chute libre quand on pense qu’il reste une marche à un escalier qu’on monte dans la pénombre ? Quoi de plus excitant que de découvrir un environnement qui nous effraie à la simple lumière du faisceau d’une lampe de poche ? Quoi de plus beau que ce qui ne l’était pas après tout ?
Sasha ne faisait pas partie du même monde. Sasha était belle. Sasha lui plaisait énormément. Beaucoup trop d’ailleurs, beaucoup trop pour qu’il continue à jouer selon les mêmes règles. Après tout, peut-être qu’il avait changé en s’élevant, peut-être que sa vie menait à celle de la jeune femme, peut-être qu’il n’avait pas le choix et qu’il ne l’avait jamais eu… Inexorablement attiré par elle, deux aimants qui allaient finir par s’entrechoquer sans savoir si la collision allait les briser ou les faire fusionner. Il n’y avait pas de demie mesure, il n’y avait pas de nuances. Ils ne pouvaient pas se le permettre. Hochant doucement la tête, il sourit et finit par s’avancer vers elle. Un pas. Un autre, encore un, jusqu’à arriver dans son dos, sans rien dire.

Pour Sasha, il était prêt à tellement de choses, il avait dépassé tellement de ses propres limites qu’il ne tenait plus bien le compte. Il la haïssait et pourtant, il se surprenait à chercher sa présence, son regard, le contact du grain amer de sa peau contre le sien, la froideur de sa poigne, ses rire qui chantaient ses victoires et glorieuses autant que ses échecs cuisants, ses sourires qui l’enivraient tout autant. Oh, il était enivré, parfois au point d’en perdre l’équilibre, comme à la sortie d’un manège rapide, tout tournait vite, beaucoup trop vite, et tout allait aussi rapidement qu’il s’en retrouvait à accrochait ses prunelles aux siennes pour ne pas se perdre. Du moins c’est ce qu’il osait penser. Il s’y serait volontairement perdu, dans cet océan de glace dans lequel elle l’abandonnait sans rien à chaque fois qu’elle posait son regard dur et brulant sur lui. Il s’y serait laissé mourir si elle lui avait demandé. Qu’il la haïssait… Elle était toujours trop près et ne l’était jamais assez. Il se fichait bien des bruits du club, des formes, de la lumière puissante des miroirs qui projetait une ombre sous son sein, du brouhaha distant de la salle à une dizaine de mètres à côté d’eux, Il se fichait bien de tout ça, le ciel venait de lui tomber sur la tête, du moins, c’était l’effet que son regard dans le sien lui faisait.



@Sasha De Lorenzi
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Ven 26 Aoû - 11:34

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@Shelby Wright
Les mains de la grande dame tremblent encore alors qu’elle entre dans sa loge – une toute petite loge, aménagée exprès pour elle, car Sasha est capricieuse, Sasha a besoin de son petit confort – et elle ne sait toujours pas si c’est de peur, de colère ou simplement l’adrénaline. Elle n’est qu’un tourbillon sans fin d’émotions sur lesquelles elle est incapable de mettre des noms. Ses lèvres rouges s’entrouvrent pour laisse échapper un souffle court. Sa poitrine se soulève à grande vitesse. Elle a mal, mal au cœur, réalisant lentement que la dernière fois qu’elle a ressenti des émotions aussi fortes, aussi vibrantes, c’est durant l’enterrement. Depuis ce jour, elle a tout enfoui au plus profond d’elle, s’efforçant de ne rien ressentir, déchargeant tout dans ses chorégraphies mais jamais de la bonne manière. Elle n’en a pas parlé et pourtant, elle est en colère. Dieu sait ce qu’elle peut être furieuse. Furieuse contre lui de l’avoir si lâchement abandonnée à un monde qui ne l’avait jamais comprise avant lui. Furieuse contre ce camion qui n’a pas freiné à temps. Mais surtout furieuse contre elle-même d’avoir eu le réflexe de survie de se jeter hors de la voiture. Elle a eu envie d’y retourner, ce jour-là, de se jeter dans le brasier. Puis l’enterrement. Puis, plus rien.

Plus rien jusqu’à croiser le regard de Red. Par sa haine, il lui avait permis de défouler sa rage sans éprouver le moindre remords. Mais par sa faute également, elle s’en voulait terriblement car sa simple présence était suffisante pour que les sentiments remontent à la surface, elle qui pensait les avoir noyés dans un océan de néant. Elle avait passé des semaines à se persuader de sa haine pour cet homme, mais toutes les preuves étaient là. Seulement, Sasha refusait de les voir. Elle refusait de voir que plus ils étaient séparés, plus elle cherchait son contact, qu’il soit physique ou simplement par quelques messages échangés. Elle était accro, addict à la violence de ses paroles, à l’intensité de son regard et à la manière qu’il avait de toujours chercher l’affrontement, mais aussi au contraste stupéfiant de la douceur des mots posés par écrans interposés. Il lui faut d’ailleurs mobiliser toute sa concentration pour ne pas s’emparer de son téléphone ou pire, faire demi-tour.

Ses longues jambes se plient alors qu’elle s’assoit devant son miroir. La table devant elle est ensevelie sous un amas de maquillage. Il y a des pinceaux en pagaille, des palettes usées de fards à paupières, des rouges à lèvres, des fonds de teint, d’innombrables pots de paillettes scintillantes. Elles se reflètent dans ses yeux, les faisant briller de milles feux dans le miroir face à elle. Lorsqu’elle s’y regarde, elle ne se reconnaît pas. Pourtant, elle n’a pas changé physiquement, mais la personne qu’elle était, la personne bienveillante et aimante, a complètement disparu au profit de cette lionne féroce toujours en quête d’une proie. Red est devenue la sienne. Il est prisonnier de ses griffes acérées qui le maintiennent constamment proche d’elle. Et elle refuse de le libérer. Quoi de mieux que de pouvoir jouer avec sa nourriture avant de la dévorer ?

De plus, la lionne n’a peur de rien. La porte s’ouvre à la volée. Elle se contente de lever les yeux pour observer l’intrus à travers le reflet du miroir. C’est lui. Red. Sasha sait qu’elle devrait avoir peur, ou du moins être surprise de sa présence ici – depuis qu’elle a signé son contrat et même si elle n’y travaille qu’une ou deux fois par semaine quand elle a l’occasion d’être en ville, elle ne l’a jamais vu mettre un pied plus loin que le bar – mais il n’en est rien. Elle reste impassible mais se surprend par le calme qui l’envahit. Comme si la marée se retirait lentement. Le silence s’installe lorsque la porte se referme. Ils sont seuls dans cette toute petite pièce à la lumière tamisée. Sasha se sent vide, irrémédiablement vide, tel un trou noir absorbant toute lumière, toute existence sur son passage. Elle est seule et elle est malheureuse. Cependant, ce sentiment s’estompe avec la présence de Red. Pourquoi est-il là ? Est-il venu la chercher ? Et si oui, que lui veut-il ? C’est peut-être son moment. C’est peut-être ici et comme ça qu’elle meurt, elle qui s’était toujours dit qu’elle ne dépasserait pas la trentaine, ou vivrait jusqu’à cent vingt ans. Voilà que l’Univers a tranché.

C’est ainsi qu’elle le quitte, soulagée de toute cette douleur. C’est avec calme et sérénité qu’elle le regarde approcher. Leurs regards ne se quittent pas mais il n’y a pas de haine entre eux, cette fois. C’est un moment privilégié, une bulle dans le temps. Le reste du monde n’existe plus. Il n’y a qu’eux. Tout a disparu autour d’eux.

Sans comprendre réellement pourquoi, ce silence entre eux l’émeut. Il remue en elle des émotions qu’elle pensait disparues. Une douceur dont elle n’avait plus fait preuve depuis des mois. Sa main qui tenait un pinceau lui servant à retoucher son maquillage est posée sur le rebord de la table. Et, lentement, enfin, elle se tourne vers lui, se séparant de son regard une demi-seconde durant, le temps de tourner la tête. Entre eux, plus d’obstacle, plus de miroir. Elle, toujours assise sur son tabouret, lui, se tenant debout devant elle, à tel point qu’elle doit renverser la tête en arrière pour le regarder. La mer déchaînée se calme doucement en elle. L’éclat bleu dans son œil semble même plus clair. Et pour cause. Lentement mais sûrement, une larme s’échappe et roule sur sa joue sans qu’elle s’en aperçoive car elle est d’un grand calme. C’est ne pas comprendre ce qu’il y a entre eux qui la bouleverse. C’est le trouver là, devant elle, d’une honnêteté accablante derrière son silence, derrière son sourire, ne pas savoir ce qu’il veut mais comprendre bien qu’il ne lui veut aucun mal. Pas cette fois.

La grande dame se lève alors, mais lui ne recule pas. Ils se font face. Proches. Si proches qu’ils s’effleurent sans la moindre difficulté. Elle n’entend même plus le bruit sourd provenant du bar, ni l’agitation des coulisses. Tout ce qu’elle entend, c’est la douceur de leur silence. Tout ce qu’elle voit, c’est sa beauté révélée par la disparition de toute haine sur ses traits. Tout ce qu’elle sent, c’est la caresse de ses cheveux entre ses doigts, qu’elle a levés pour ramener une mèche brune derrière son oreille. Sa main s’attarde, contre sa joue, traçant la longueur de sa mâchoire du bout des doigts. La présence de Red ici ne fait aucun sens. Et pourtant, elle aimerait pouvoir l’enfermer dans cette petite bulle qu’ils ont créé, dans l’espace et dans le temps, afin qu’ils soient seuls au monde pour toujours.

Sasha !! Un cri poussé derrière la porte de la loge. Un cri qui, cette fois, la fait sursauter. Elle retire sa main de la joue de l’homme, la ramenant contre elle. You’re up in five, babe ! Elle ne répond pas, la grande dame. Son cœur bat la chamade dans ses tempes. Pendant un bref instant, son regard s’est détourné de celui de Red pour observer la porte, craignant qu’elle s’ouvre. Mais elle reste bien en place. A nouveau, elle va chercher son regard et s’y accroche pour ne plus le lâcher. Elle ne veut pas que ce moment se termine. Elle ne veut pas revenir à la réalité.

Please don’t go.



( Pando )
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Ven 26 Aoû - 17:15
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Un silence. Un seul. Un regard. Un seul. Un regard qui dura. Dura. Et dura encore. Battements de son cœur tambourinant dans ses tempes, sang déferlant dans ses veines, poings serrés au point que ses jointures en blanchirent. Qui dirigeait son cœur ? Qui dirigeait son corps ? La tête prise dans une guerre interne sans merci où ses pulsions ne laissaient aucune merci à sa raison. Sa raison de toute façon infestée d’a priori, de principes, de préjugés. Sa raison qui n’en était plus une depuis longtemps, ce qui restait de sa tête, totalement envahie du monstre qu’il était devenu. Géant de fer, parfois, il ressemblait à une créature diabolique, un démon envoyé par les enfers pour semer la discorde. Pétri de contradictions, d’insécurités, de sarcasmes, de fierté. Red était dangereux. Pas parce qu’il était particulièrement intelligent, méthodique ni même qu’il avait passé des années à s’entrainer au tir ou au combat. Non. Red était dangereux pour tout le contraire. S’il n’était pas bête et était loin d’être bête, il ne s’encombrait jamais de longues réflexions, ne regrettait jamais rien et son manque cruel d’entrainement lui permettait au moins de ne pas craindre de prendre des coups. Parce qu’il se fichait bien de si ça faisait mal tant qu’il pouvait faire mal en retour…

Et la douleur qu’il infligeait n’était pas uniquement physique. Il savait très bien qu’il s’infiltrait dans les pensées, dans les rêves, dans les cauchemars des autres. Il savait très bien qu’il ne quittait les pensées de personne. Il n’avait pas la prétention de tous les séduire (sauf les femmes), mais il savait pertinemment qu’on pensait souvent à lui. Il savait qu’il marquait les esprits. Et il en était particulièrement content…
Mais à cet instant précis, il n’était pas content. Il n’était pas grand-chose. D’ailleurs, il n’était rien. Rien du tout. Une poussière, un rocher, venait de s’immiscer dans son monde. Un grain de sable dans les rouages de sa vie qu’il traitait comme un film dont il connaissait la fin, comme si rien ne pouvait lui arriver, qu’il savait déjà tout, qu’il pouvait se permettre de prendre tous les risques possibles et qu’il allait de toute façon, toujours réussir à s’en sortir.
Mais là, ce n’était plus le cas. Elle venait de le condamner sur place. Le condamner à se rendre brutalement compte de sa mortalité. De sa finalité. Qu’il pouvait crever, bouche ouverte dans un caniveau à se faire bouffer par les rats. Douce ironie du sort, des charognards qui dévoraient un ancien charognard. Et s’il devait mourir, ce serait certainement de sa main à elle. Elle était devenue l’épée de Damoclès se balançant lentement au-dessus de sa tête. Elle était cette déesse désintéressée qui pouvait, d’un geste de main, d’un battement de ses cils démesurés, d’un claquement de ses talons hauts, d’un éclat de ses paillettes sous les lumières aveuglantes des projecteurs du club, le tuer. A vrai dire, il était déjà mort. Elle n’avait même rien à faire. Elle l’avait déjà tué. A ce moment précis, il n’était plus rien. Plus rien qu’un corps, qu’une masse, qu’un amas d’atomes en décomposition posé devant elle, droit comme un i, à la regarder, à subir ses contacts, sa main dans ses cheveux, son souffle, ses regards. Il subissait. Il subissait tout. Tout.
Il subissait cette bouche qui n’était pas assez près, ses yeux qui brillaient trop, ce corps de serpent, fin, qu’il aurait aimé serrer contre le sien au point de l’en briser. Parce qu’elle n’était pas assez près. Parce qu’elle ne serait jamais. Parce qu’il avait besoin d’elle, encore, et encore, et encore. Jamais rassasié de la voir, de la toucher.

Le reste du monde n’existait plus. Il n’y avait qu’eux. Et d’ailleurs, le club aurait bien pu exploser qu’il n’aurait pas sourcillé. On aurait pu pénétrer en coulisse et l’assassiner d’une balle en pleine tête (et Dieu que la liste des raisons et des gens les possédant était longue) qu’il se serait laissé crever sur le sol, si seulement il aurait pu la regarder encore un peu. Si seulement…

Un cri, un aboiement, un coup de vent derrière la porte. Il sursauta comme elle. Sans même avoir compris ce qui venait de se passer. Reprenant brusquement ses esprits, la voix d’un employé les rappela durement à l’œuvre. Ils n’étaient plus dans leur bulle. Ils devaient faire face à une société qui s’attendait à ce qu’il y participe. Il devait retourner au travail.
Alors, se penchant lentement sur elle, abaissant sa silhouette immense sur la sienne, ses lèvres se posèrent sur sa peau poudrée, récupérant la larme au moment où elle se coinça sur la commissure de ses lèvres. Baiser qui n’en était pas vraiment un, baiser qui lui donna envie de vomir tellement il lui plut. Faux baiser qui eut au moins l’avantage de faire battre son cœur à mille à l’heure et de faire fonctionner ses jambes pour qu’il se redresse et quitte la loge, non sans se retourner au moment où son corps occupa tout l’espace de l’encadrement de la porte, son léger sourire sarcastique revenu au galop, soufflant d’une voix rieuse, courbant à peine le buste, de quelques centimètres, comme un sujet devant sa reine, juste assez pour qu’elle puisse le remarquer


« Go light them up girl, light them up good. Your favorite homophobic asshole will be outside, covering your butt, pretty face »


Et dans un clin d’œil, il disparut, pour de bon.

@Sasha De Lorenzi
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Sam 27 Aoû - 11:17

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@Shelby Wright
Le cœur s’affole, bat la chamade. Elle ne sait pas, la grande dame, toute scintillante de milles feux dans sa robe entièrement couverte de strass, si c’est à cause de la surprise provoquée par le cri, de savoir qu’il ne lui reste que cinq minutes pour finir de se préparer, mais surtout, reprendre ses esprits, ou à cause de ce soudain mouvement provenant de Red. Alors qu’il se penche vers elle, son souffle se coupe immédiatement, non pas par peur, mais parce qu’elle n’attendait que ça. Que ce mouvement, sentir son souffle sur ses lèvres, sentir la rugosité de sa barbe contre sa joue à la peau délicate, si délicate qu’un léger toucher peut la faire rougir aisément. Il pose ses lèvres au coin des siennes. Elle frissonne de la tête aux pieds et presse légèrement sa joue contre lui. Elle veut plus, elle a besoin de plus, le sentir toujours plus proche, ses mains sur elle, lèvres contre lèvres. Qu’il la prenne, qu’il la possède. A ce moment précis, elle n’est qu’à lui, elle n’appartient qu’à cet homme qui la hait et lui fait tourner la tête. Il la hait, pourtant, il la suit dans sa loge pour l’embrasser. Pourtant, il cherche son contact, constamment. Et elle ne le lui refuse jamais.

Elle a bien conscience que, dès qu’il s’éloigne, elle semble libérée d’un sort, retrouver la raison. Elle ne peut s’empêcher de passer le bout des doigts sur sa joue, là où il a posé ses lèvres avec une délicatesse insoupçonnée. Sa peau picote, elle frémit comme si on la plantait de milliers de toutes petites piqûres d’aiguilles. Cependant, Sasha n’est pas complètement impuissante, à cet instant. Un sourire taquin vient orner ses lèvres rouges mais elle ne le suit pas à la porte. Qu’il parte. Qu’il la laisse, pour l’instant. Ça ne durera pas. Elle le sait, puisqu’elle s’en assurera elle-même. Watch me, asshole. Ce ne sont pas des menaces, ce n’est pas un défi. Elle lui demander simplement de la regarder. Et elle sait que dès qu’elle posera un de ces fameux talons aiguilles à semelle rouge sur scène, il n’aura d’yeux que pour elle, même de sa porte. Le connaissant, il serait même capable d’empêcher les gens d’entrer, juste pour être tranquille et pouvoir l’observer. Et elle ne demanderait que ça. Elle ne veut que son attention ancrée sur elle, que ses yeux posés sur elle. Il ne pense qu’à elle, elle le sait. Elle l’obsède. Tout comme lui l’obsède, à la différence qu’elle cache mieux son jeu.

Sur scène, elle rayonne. Créature extraterrestre, muse venant d’un autre monde dans sa robe rose aux reflets multicolores créés par les centaines de strass qui la couvrent, se déhanchent sur une chanson qui lui est indirectement destinée. Closer. Elle a retrouvé toute son énergie, son assurance, son petit sourire mystérieux et séducteur. Sa démarche est assurée, perchée sur des talons dans lesquelles aucune femme pourrait décemment marcher. Malgré les spotlights braqués sur elle, son regard trouve aisément, au fond de la salle, les bras croisés contre sa poitrine, probablement adossé au mur, sa victime qui semble être incapable de la quitter des yeux. Cependant, elle fait mine de ne pas lui accorder tant d’attention que ça. Son regard balaye la foule. Ce soir, si le bar est complet, c’est grâce à elle, elle qui remplit d’ordinaire des théâtres entiers à l’étranger n’a eu aucun mal à faire de même dans une petite boîte de Caroline du Sud. Petit à petit, élément après élément, elle dévoile des formes outrageusement féminines, même sans son corset qu’elle délace, dissimulée derrière deux éventails faits de longues plumes d’autruche teintes, jusqu’à finir en string toujours aussi strassé, sous les applaudissements des clients du bar. Elle salue, tous ses tips dans une main, et quitte la scène pour de bon alors qu’on tente de lui demander un encore.

Cependant, créature de lumière, elle a déjà regagné sa loge avec un petit cocktail qui avait été posé sur l’un des caissons en coulisses. Dans la pièce, l’atmosphère est encore lourde, comme si Red était encore là, dissimulé dans les ombres. Pourtant, même en quittant la scène, elle l’a bien vu, à son poste, gardant fidèlement l’entrée du bar – aussi fidèlement tant qu’il sera payé. Un étrange sentiment tire sur sa poitrine à la pensée de Red. Elle laisse échapper un soupire et, instinctivement, se retourne vers la porte et fait un pas en avant. Sa confiance regagnée sur scène, elle ne la laisse pas s’échapper et s’y agrippe fermement, aussi fermement qu’elle attrape le t-shirt oversize qu’elle avait mit pour venir et l’enfile par-dessus sa longue perruque noire et son string. Sans attendre, sans prendre le temps de se démaquiller, elle quitte la coulisse et fait discrètement tout le tour de la grande salle du club pour arriver à la porte.

Déception. Red n’est plus là. Décontenancée, la grande dame fixe son remplaçant qui baisse immédiatement les yeux face à son air furieux. Where is Red? demande-t-elle. Oh, he’s gone for a smoke, he’s probably just over there. D’une main feignante, il désigne la ruelle qui mène à la porte de service puis se reconcentre sur la file d’attente qui touche à sa fin. Faire le chemin inverse pour ne pas être repérée, le cœur battant la chamade alors qu’elle cherche un homme qui clairement la déteste. Et pour quoi faire ? Elle n’en sait rien. Elle sait juste que c’est ce que son instinct lui demande et Sasha écoute toujours son instinct. Sa course sur talons à travers le long couloir menant à la porte bénie lui semble durer une éternité. Mais finalement, et comme lui un peu plus tôt, elle ouvre la porte à la volée et, immédiatement, il apparait dans son champ de vision. La grande dame s’arrête nette dans sa course. Leurs regards se croisent à nouveau. Le monde n’existe plus. C’est comme si, à nouveau, il avait été avalé par un grand trou noir au centre d’une galaxie où seules deux étoiles brillent. Les leurs.

Sa main, précédemment agrippée à la poignée de la porte, la relâche lentement pour tomber contre son flan. Le tumulte dans son cœur s’est apaisé à la vue du videur. C’est une éternité qui semble s’écouler mais en réalité, seules quelques secondes passent avant que Sasha se décide à combler l’espace qui les séparait de quelques foulées déterminées. Surtout, ne pas se laisser le temps de réfléchir, sans quoi elle serait capable de faire machine arrière. D’une main, c’est son col qu’elle attrape, l’autre, elle l’enroule autour de sa nuque pour l’attirer à elle. Les deux étoiles qu’ils sont entrent en collision lorsque leurs lèvres se rencontrent, rencontre instiguée par Sasha qui ne relâche pas son emprise sur lui. Ce baiser n’a rien de romantique, rien de doux. Il est violent, désespéré, affamé. Il tente de satisfaire une pulsion, une envie soudaine, inexplicable, irrépressible.

L’envie de lui, et seulement lui.



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Sam 27 Aoû - 13:46
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Un baiser. Un seul. Un baiser et c’est tout. A vrai dire ce fut amplement suffisant pour déclarer une véritable guerre dans son corps, dans sa tête, dans son cœur. Un baiser, un seul. Un seul. Un seul et unique baiser qui termina de le condamner à courir après les fantômes. Amoureux de quelqu’un qui n’existait pas, amoureux d’un idéal. Il la voulait. Elle. Mais il voulait que ce soit une femme. Il rêvait que ce soit une femme. Il aurait tué pour que ce soit une femme. Mais Red ne pouvait plus se cacher. Il venait de l’embrasser. Drag Queen, créature mystique, bien loin du seul spectre qu’il connaissait. Deux genres et c’est tout. C’est tout ce qu’il voyait. Deux genres et c’est tout. Et lui, homme, aimait les femmes. Parce que c’était comme ça, parce que c’était normal. Et pourtant…
Il voulait juste voir ce que ça pouvait bien fait. Ce que ça faisait. Il voulait se prouver qu’il n’en avait pas envie, qu’il ne pouvait pas en avoir envie. Qu’il allait avoir la nausée. Qu’il allait finir par la tabasser, la laisser crever sur le trottoir mouillé d’une allée de service, que personne n’allait retrouver son corps avant le matin, qu’elle allait faire la une des faits divers, pour s’en débarrasser. Et au lieu de ça, sa langue cherchait la sienne. Son bras s’enroula autour de sa taille, la rapprocher de lui. Il pouvait bien finir dans le caniveau, un trou au côté droit, qu’il ne l’en lâcherait pas. Jamais. Alors quand elle l’embrassa enfin, la victoire eut un goût amer. Victoire parce qu’il se tût enfin. Défaite parce qu’il ne put pas se résoudre à la lâcher. Parce que le jeu était truqué. Truqué parce qu’il n’y avait pas de vraiment de vainqueur. Parce que les règles n’en n’étaient pas, parce qu’il avait cru être le maître du jeu et qu’il se retrouvait pion à subir, pièce insignifiante sans pouvoir faire autre chose que d’apprécier sournoisement quelque chose qu’il détestait. Il n’apprécia pas à vrai dire. Il adora. Il n’était plus maître de son propre corps, quand la grande dame se colla à lui. Que sa main glissa sur son dos, avec la même douceur que s’il avait caressé une de ses nombreuses conquêtes. Griffes transformées en caresses presque tendres, pattes rugueuses soudainement délicate, le loup protégeant l’agneau, le géant soudainement adouci, les mouvements lents. Lents mais empreint d’une passion qu’il ne se connaissait pas. La même envie, aussi, entre ses cuisses. Et c’est ce qui le ramena soudainement à la réalité. Ce désir de la posséder, entièrement. Ce désir brûlant, charnel. Irrépressible. C’était comme avoir percuté un mur, de plein fouet. D’un seul coup. Un coup en plein visage. La vérité qui faisait mal, qui n’était pas bonne à entendre. Qui sonnait faux à ses oreilles, qu’il ne voulait pas comprendre, qu’il ne voulait pas accepter. Qui n’était pas bonne à voir en face. Ô le tact n’avait jamais été une de ses qualités. C’était d’ailleurs un des points qui l’avait fait engager. Ici, les débordements étaient légions, il ne fallait pas avoir peur de repousser ceux qui tentaient de passer par-delà les règles, il ne fallait pas avoir peur de faire usage de la violence ou du moins de réagir à ceux qui allaient en faire usage. Sasha venait de faire usage d’une violence exceptionnelle, plus que tout ce à quoi il n’avait jamais été confronté, plus que ce qu’il pouvait supporter, plus que ce qu’il avait même pu imaginer.

Alors, sous le choc, après s’être rendu compte de ce qui s’était passé et surtout de ce qu’il venait de faire et de la réaction physique inévitable qui venait avec un shoot d’adrénaline et de désir surpuissant, il la repoussa brusquement, l’envoyant deux mètres en arrière.


Mais c’était trop tard.


C’était parce qu’il n’arrivait pas à y croire. De ce qu’il avait fait. Parce qu’il espérait encore ne jamais avoir répondu à son baiser. Ne jamais avoir pu faire une chose pareille. Ne jamais en avoir été capable. Il espérait de tout cœur que tout ça n’était qu’un mauvais rêve et qu’il allait finir par se réveiller dans son appartement miteux aux côtés d’une jeune femme, ou deux, ou trois. Ou tout ce qu’il allait être nécessaire pour le convaincre que rien de tout ça n’était réel. A vrai dire, athée, il aurait prié n’importe quel dieu avec enthousiasme pour qu’il se réveille vite. Il l’avait embrassée. Il avait répondu à son baiser. Il en avait eu envie. D’elle. Il en avait eu envie et il en avait encore envie. De l’embrasser encore et encore et encore et de ne jamais s’arrêter quitte à suffoquer et rendre son dernier souffle directement contre ses lèvres. Sans doute qu’elle l’avait réveillé d’un sommeil bien trop profond et qu’elle venait de le tuer de nouveau.

Elle jouait avec lui comme un chat avec une pelote de ficelle. Et lui, était malléable. Entièrement. Elle sifflait, il accourait. Il ne l’avait pas lâchée du regard pendant sa prestation, les joues rouges tellement le sang affluait vite, fort. Il avait eu chaud. Il avait mal. Beaucoup trop chaud, beaucoup trop mal. Le regard solidement ancré sur ses courbes, sur sa taille, son torse, ses fesses, ses jambes, sur ce string qu’il avait rêvé d’arracher d’un seul coup, la mâchoire tellement serrée que ses joues en avaient blanchi de nouveau. Il avait eu envie d’elle. Il avait encore beaucoup trop envie d’elle. Ce T-shirt le rendait fou, parce qu’il savait ce qui se cachait en dessous. Il passa une main dans ses cheveux, calmant les tremblements de sa dernière sans réussir à vraiment le faire, persuadé d’avoir été drogué, ensorcelé. Persuadé que ce numéro n’était que pour lui. Juste pour lui. Qu’il n’y avait personne d’autre que lui. Une claque en pleine figure qu’il se prend. Sa tête qui se mit soudainement à tourner alors qu’il tira une latte de sa cigarette jusqu’à la consumer jusqu’au filtre. Ouvrant très légèrement les doigts, le clou de cercueil rejoint le macadam, rendant sa dernière étincelle loin de celle qui venait d’allumer un brasier dans son ventre. Il avait envie de boire. Laver sa bouche au savon, faire disparaître ce péché. Boire pour oublier. Se taper n’importe quelle fille pour se prouver qu’il en était encore capable. Qu’il pouvait encore en avoir envie. L’air devenait lourd. Trop lourd pour qu’il puisse se permettre de ne pas crisper sa main moite sur le tissu de sa veste. Il avait l’impression que chaque inspiration le brûlait, que des milliers d’aiguilles passaient sa gorge. Sa vision était douloureuse. Ses tympans bourdonnaient, le tambourinement violent de son sang contre ses tempes le rendait sourd à ce qui se passait autour de lui. Seule sa vue passait au travers de cette cacophonie insupportable de sa propre mortalité qu’elle mettait à mal en le confrontant à son aura beaucoup trop puissante. Inhumaine, il n’avait aucune chance de résister, il ne se fatigua d’ailleurs même pas à essayer. Pris au piège. Il se sentait acculé, comme un animal blessé pris en chasse par un prédateur, coincé au bord du gouffre. Le prédateur pouvait jouer avec sa proie autant qu’il le voulait et cette fois-ci, la proie n’attendait que ça. Red n’attendait que son sort. Qu’elle lui saute à la gorge pour l’achever ou qu’elle le pousse, sadique. Un souffle, un seul, tout ce dont il avait besoin pour tomber au fond du gouffre. Chuter. Le bourdonnement à ses oreilles s’intensifia, comme si sa tête était tourmentée par le vent violent de sa chute en enfer. Il avait découvert Perséphone se baignant dans le Styx, il s’en retrouvait damné. Il n’était pas Hadès, trop occupé à combattre la mort. Sa mâchoire se serra tant qu'il fallut un miracle pour que ses dents ne se brisent pas les unes contre les autres.

Son cœur battait fort. Et vite. Tellement que le sang battait à ses tempes et que son cœur vrillait à ne plus s’exprimer que par violentes embardées dans sa poitrine. Il n’en pouvait plus. Il fallait que ça s’arrête. Il était en train de devenir fou. Il avait l’impression de vivre une cacophonie, une boucherie héroïque qui lui tordait les tripes, jouait avec ses nerfs. Il n’en pouvait plus. Il fallait que ça s’arrête. Maintenant. Au bout d’un moment qui avait duré entre un clignement de cil et un million d’année, il parvint à bouger. Ou du moins à reprendre le contrôle de son corps. Il avait l’impression qu’on lui tendait les manettes d’un vaisseau en train de piquer du nez, de foncer vers un crash certain à une allure folle, le bruit du vent passant à travers le pare-brise qui avait éclaté en bris de verre, les cris des passagers, le bruit des corps disloqués, des sièges qui s’arrachaient, une boucherie, une cacophonie qu’il ne parvint pas à supporter. Suffoquant, le front brulant, le cœur battant trop ératiquement pour ne pas menacer d’éclater dans sa poitrine, la sensation de toutes ses terminaisons nerveuses qui se mettaient à vibrer, sa peau qui semblait fondre, il se précipita vers elle, ses mains brulantes prenant violemment possession de ses joues, de sa gorge, de ses cheveux et ses lèvres des siennes. Encore.

Et c’est ce baiser, qui causa sa perte.


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Lun 29 Aoû - 11:14

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Repoussée, le geste ne choque pas Sasha, comme si elle s’y attendait. Peut-être un peu. Pourtant, elle a bien senti ses mains s’agripper à elle. Elle a bien senti sa langue chercher la sienne, le désespoir qu’il a mis dans son baiser, l’envie, le désir. Elle a bien compris qu’il le voulait autant qu’elle. Ils en avaient tous les deux besoin, étonnamment pour les mêmes raisons. Pour céder à des pulsions animales, mais aussi pour se prouver à l’un comme à l’autre qu’ils ne ressentaient aucune forme d’attraction, qu’ils se haïssaient, même. Mais à l’instant même où les lèvres de la grande dame se sont posées sur les siennes pour la première fois, elle a su qu’elle se condamnait à se mentir à elle-même pour ne pas craquer, car son cœur avait battu la chamade et elle ne voulait plus le lâcher. Au moment où il avait enroulé ses bras autour de sa taille – décorsetée mais malgré tout très fine – elle avait senti tous les murs qu’elle avait pris des mois à ériger s’effondrer et avait su qu’elle aurait besoin de très vite les reconstruire avant de le laisser envahir son cœur, mais même là, elle se mentait déjà. Il était déjà bien trop tard. Il tenait déjà son cœur entre ses mains.

Elle a laissé une légère marque rouge sur ses lèvres mais une autre encore plus invisible et indélébile dans son cœur. Le sien bat si fort qu’elle l’entend dans ses oreilles. Il résonne violemment dans sa tête, derrière ses pupilles. Pour la première fois, devant Red, Sasha se montre vulnérable. Elle le fixe avec de grands yeux si innocents qu’ils déstabiliseraient n’importe qui ne la connaissant pas suffisamment, comme lui, elle qui semble d’ordinaire être si froide, si déroutante. Elle aime à prétendre avoir un cœur de pierre pour ne pas se laisser à nouveau écorcher. Mais la réalité est toute autre. Elle a besoin d’être aimée, ne supporte pas la solitude. Red n’est pourtant pas un type bien, elle l’a réalisé dès le départ, mais elle n’arrive pas à s’empêcher d’être attirée par cette violence qu’il dégage, par l’étrange mélange de haine et de désir qu’il a pour elle. Et elle pour lui.

Tétanisée devant lui. Elle ne sait pas quoi faire. Elle ne sait pas comment interpréter sa réaction ou son regard. Il semble comme possédé. Ses yeux ne lui appartiennent plus. Il la fixe comme s’il voulait la tuer. Pourtant, il n’en fait rien. En réalité, la grande dame, dans toute sa conscience, ne le voit pas venir. Ils s’écrasent l’un contre l’autre tels des vagues dans une mer déchaînée. Elle ne sait pas reprendre le contrôle, ni de son corps, ni de son cœur, car tous deux se laissent aller dans ses bras puissants serrés autour d’elle. Elle sent ses mains se perdre dans des cheveux qui ne sont pas les siens puis l’enserre si brutalement et doucement à la fois que Sasha n’arrive pas à analyser les intentions de leur possesseur. Et elle se laisse emporter par le plaisir. Ses bras s’enroulent autour de lui. Il a les épaules si larges qu’elle peut aisément s’enfouir dans son étreinte, le temps que dure leur baiser. Et il dure un temps infini, un temps que personne ne peut mesurer, quantifier. Il éteint les étoiles et en fait naître de nouvelles. Il brûle tout sur son passage. Il brûle le feu. Il la fait trembler de la tête aux pieds, si fort qu’elle doit s’accrocher à lui mais il ne la lâchera pas, elle le sait, elle le sent. Ses mains froissent son t-shirt et la pressent contre son torse.

En drag, Sasha s’était toujours forcée à ne pas ressentir de désir pour qui que ce soit et, d’ordinaire, c’est assez facile pour elle car il lui en faut beaucoup, et son ex-fiancé savait et ne tentait jamais de la séduire quand elle était en drag. Il respectait son choix et son art. Red, lui, ne respectait rien. Il agissait en suivant ses pulsions et celles-ci, à cet instant même, lui disaient de l’embrasser, de la ruiner et il le fait parfaitement car Sasha ne se débat pas, elle ne se bat même pas, en fait. Elle laisse faire. Elle y prend même du plaisir en, de la danse de sa langue contre la sienne, en demande toujours plus. Un doux gémissement s’échappe de ses lèvres et résonne contre la bouche de Red, contre son âme. Ses doigts s’emmêlent dans les cheveux longs de l’homme pour l’attirer toujours plus à elle. Tellement, qu’elle finit coincée entre lui et le mur extérieur du club. Le mur est frais dans son dos, mais rien n’y fait. Elle a l’impression de s’embraser, de brûler sous son toucher. Ce baiser semble durer un millénaire, une éternité. Ce baiser existera toujours quand plus rien dans l’Univers n’existera que des trous noirs mourants. Il existera toujours quand le temps ne fera plus aucun sens. Mais pour le moment, il fait du sens, ce baiser. Ou pas. Tout est confus dans l’esprit de Sasha qui refuse de lâcher cet homme qui a fait un jeu de quilles de ses sentiments, pour tous les renverser. Au bout d’un certain temps, il leur faut se rendre à l’évidence, ils doivent se laisser respirer quoique Sasha aurait pu accepter de mourir dans ses bras, contre ses lèvres, dans son baiser. Ils s’écartent à peine. Elle a le front posé contre l’arête de son nez mais ils vibrent toujours tous les deux d’un désir non dissimulé, l’un pour l’autre.

A nouveau, leurs lèvres se rencontrent. Les mains de la grande dame ont trouvé le col de son t-shirt. Ses doigts tirent sur le tissu comme si elle tenter de le déchirer, de s’en débarrasser, de le mettre à nu. Elle pense qu’elle peut se le permettre, que sa carrure de géant la dissimulera des regards indiscrets de quelconques personnes passant dans cette allée. Take me… Kill me. Murmure irréfléchi, spontané. Il est pressé contre elle. Elle peut sentir son désir contre son ventre. Il la rend folle. Ses supplications prennent la forme de murmures et à chaque syllabes, leurs lèvres s’effleurent un peu plus.



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Mar 30 Aoû - 12:24
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« Take me… Kill me. »

Le mot de quatre lettres s’inscrit brutalement en plein dans son cerveau. Ou du moins sur les restes fumant d’une conscience qu’elle avait carbonisé d’un coup de ses lèvres carmin. Kill me. Il aurait pu. Il aurait dû. Affront qu’elle lui faisait de l’attirer autant. Il se serait pâmé à ses pieds, il aurait baisé le sol, il aurait érigé un temple à sa gloire pour le moindre de ses coups d’œil. Il était prêt à tout pour elle. La tuer, se tuer, tuer des centaines et des centaines de personnes. Il aurait pu commettre un génocide de masse si elle le lui avait demandé. Si quelques malheureux avaient osé poser les yeux sur elle, il les aurait fait disparaître de la surface de la terre. Elle l’avait ensorcelé, la sirène, la sorcière, la harpie, les griffes sanguinolentes plantées bien trop profondément dans son cœur.

Le sang, sur mes doigts
Sèche au petit jour
Je prends, c'est mon droit
Ta vie, ton coeur, tes atours
Gisant, bleu roi
C'est là que bat, love, l'artère

Elle ne faisait pas la fière, lui non plus à vrai dire. Il n’avait plus aucun contrôle sur lui-même. Il aurait été prêt à la serrer si fort qu’il l’en aurait asphyxiée contre son torse puissant. Il l’aurait tuée, avec joie. Par amour, par colère. Perte de contrôle d’une machine infernale. Contrôle qu’il n’avait jamais vraiment eu. Red était aux commandes d’une machine de guerre. Machine qu’il ne contrôlait pas. Il ne connaissait que la violence. Violence déchainée contre les mauvaises personnes. Contre tout le monde à vrai dire pour toucher les bonnes, viser les bonnes, atteindre les bonnes.


Red était une arme. Une arme redoutable si l’on savait la manier. Et la seule personne capable de le faire était Sasha. Ironiquement, sans doute qu’elle était la seule à ne pas se douter de l’étendu du pouvoir qu’elle possédait. Elle ne commandait pas seulement son envie, son excitation sexuelle ou même ses attirances et ses fréquentations. Non. Elle commandait tout. Les vents et les marées qui agitaient et malmenaient son corps, son cœur, ses reins. Elle commandait ses colères et ses joies, ses envies, ses pensées, tout. Elle avait planté ses griffes manucurées au plus profond de son cœur et le sang infecté coulait maintenant dans ses veines. Il n’y avait plus qu’elle. Elle et seulement elle. Et lui, détestait ça.

Lui qui se targuait de n’obéir à personne d’autre que lui-même, lui qui se fichait bien des conventions et des mœurs, lui qui aurait été prêt à tuer sans doute n’importe qui pour n’importe quelle raison, le chien se débattait, aboyant à en briser sa muselière, tirait fort sur sa laisse jusqu’à manquer de la briser, ce n’était plus un vulgaire clébard. C’était un véritable démon. Une boite de Pandore renfermant un véritable cauchemar, la Peste qui menaçait de décimer tout un pays. Red était dangereux. Mais ce n’était pas un ponte du crime, ce n’était pas un mafieux élégant et raffiné qui buvait du thé avec le secrétaire de la Défense. Non. Red était encore plus dangereux que ça parce qu’il ne cherchait pas à contrôler quoi que ce soit. Gouvernail de son être tout entier que Sasha avait saisi sans s’en rendre compte.


« I might if you think for a second you can get away with that… » Grognement qu’il siffla entre les dents, mâchoire serrée alors qu’il jubila en sentant son dos s’écraser contre le mur et son imposante silhouette la surplomber. Elle était belle. Qu’est-ce qu’elle était belle… Il aurait fallu être fou pour ne pas le reconnaître. Pour ne pas voir dans ses yeux une beauté qui n’existait que dans les légendes et les mythes. Elle n’était pas belle, à vrai dire, elle était divine.
Red, le géant d’acier, monstre qui ne prenait même pas la peine de camoufler sa poigne de fer dans un gant de velours, l’attrapa par les bras, serrant fort sa peau jusqu’à ce qu’il la voit blanchir à son tour, la privant de sang, plaqua de nouveau ses lèvres aux siennes.


Bientôt, la pression dans son pantalon se fait trop forte. Bientôt, il n’y tint plus. Il a besoin d’elle. Mais dans ses pensées fumeuses, il s’imagine pouvoir lui faire l’amour comme une femme. Dans sa version étriquée des choses où Red préfèrerait crever plutôt que de la toucher. Mais il n’y tint plus. Alors, ses mains lâchant ses bras, la première attrape son cou, serrant de nouveau -cette fois-ci assez intelligemment pour lui laisser assez d’espace pour respirer plus ou moins correctement- et l’autre se glissa sous son propre sous-vêtement, l’embrassant de nouveau, encore et encore et encore, comme s’il allait la tuer, comme s’il voulait faire passer tout sa colère sur elle. Et sans doute lui en voulait-il, de le rendre comme ça. De lui donner envie, autant.

C'est là que bat, love, l'artère


@Sasha De Lorenzi
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Jeu 1 Sep - 12:01

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@Shelby Wright
Sasha voulait toujours plus. Toujours plus de ses lèvres brûlantes sur les siennes, de ses mains fiévreuses autour de son cou, de son torse pressé contre le sien tandis qu’elle se laisse doucement couler contre le mur. S’il n’était pas là pour la soutenir, elle serait déjà par terre. Elle a l’impression d’étouffer, de partir, et c’est une sensation grisante à laquelle elle s’abandonne complètement. D’une seule main, d’une seule pression appliquée à sa gorge, il arrive à lentement couper sa respiration tout en la gardant plaquée au mur glacé. Il pourrait la tuer qu’elle ne se débattrait pas et accepterait sa mort sans rechigner. Elle sent le sang battre dans son artère, le sang qui a du mal à arriver jusqu’à sa tête. Elle devrait en avoir peur et pourtant, on pourrait la surprendre à sourire dans ce baiser mortel. Elle se dit que finalement, elle pourrait s’habituer à cette vie, à cette pause dans sa carrière toujours pigmentée de voyages à l’étranger. A son retour, un homme, Red, et ses mains, ses lèvres, son corps tout entier à elle. Uniquement à elle. Une violente impulsion secoue tout son corps des pieds à la tête, la poussant à se rapprocher à nouveau de lui alors qu’il la tient à distance. Elle voit des étoiles derrière sa rétine mais ne tente pas d’échapper à sa prise. Elle sent, entre eux, la main désespérée et celle-ci la fait sourire.

Sans la moindre hésitation, mais également sans réfléchir, car son cerveau est entièrement occupé, envahi par la sensation de Red contre elle, la grande dame glisse une main le long du torse du colosse afin qu’elle aille rejoindre la sienne. Elle frissonne de plaisir et d’interdit. Ils ne sont pas censés se trouver dans cette position. Ils devraient se détester, se foutre sur la gueule tout le temps, ne pas pouvoir être dans la même pièce, ne pas pouvoir respirer le même air. Ils devraient risquer à chaque fois d’en venir aux mains, mais pas comme ça. Pourtant, ce soir-là, ils sont incapables de se séparer. Respirer le même air, ou mourir étouffés dans leurs baisers. Elle a envie de vomir, de le vomir, de se vomir, mais ne fait rien pour le lâcher. Au contraire, son tumulte intérieur l’en empêche. Elle aimerait pouvoir l’entraîner dans sa loge, dans son lit, dans sa vie. A nouveau, elle se retrouve plaquée entre lui et le mur, ses lèvres toujours sur les siennes tandis qu’elle tente de reprendre sa respiration. En vain. Elle tremble dans ses bras, prête à s’effondrer s’il la relâche. Elle voudrait mourir ici, dans ses bras. Si tout pouvait s'arrêter ici, ce serait une si belle mort, se dit-elle alors que la douceur de son sourire ressurgit soudainement, dissimulée aux yeux de tous dans la barbe de Red.

Aussi brusquement qu'il est arrivé, son sourire disparaît lorsqu'elle entend, venant de sa droite, le mécanisme lourd et métallique de la porte de service qui commence à être poussée par quelqu’un de l’autre côté. Son sang ne fait qu’un tour, son cœur rate un battement et tente de remonter par sa gorge. Il lui faut rassembler tout son courage pour repousser Red, se détachant enfin de son emprise. Elle entend son nom appelé et se précipite à la porte pour empêcher son assistant – comme s’il ne pouvait pas être en retard pour une fois dans sa vie – de repérer l’homme caché derrière la barrière de métal. What do you want? balance-t-elle brusquement, l’empêchant catégoriquement de sortir plus que ça dans la rue. Il a sursauté en la voyant apparaître et en bégaye même. I- it’s just- I finished packing so we can leave if you want. Sasha hoche la tête. Okay. I’ll be here in a sec. Avec un petit sourire, elle referme la porte sans lui laisser le temps d’y réfléchir ou de répliquer.

Lorsqu’elle se tourne enfin vers Red, son cœur bat toujours à cent à l’heure. Ses lèvres encore rouge écarlate ont laissé une légère trace sur ses lèvres à lui. Il est beau, comme ça, se dit-elle avant de se laisser aller à une impulsion soudaine et d’entamer de nouveau un pas vers lui avant de lier leurs lèvres en un dernier baiser qui s’attarde longuement, un peu trop même, mais qui la fait frissonner de plaisir de la tête aux pieds. Ils n’ont pas le temps pour plus, pas ce soir en tout cas. Elle aimerait pouvoir à nouveau se blottir dans ses bras, sentir son corps pressé contre le sien. Qu’il la serre dans ses bras. Qu’il l’embrasse à nouveau. Qu’il la garde avec lui. Qu’il lui fasse l’amour comme il semblait en avoir envie. Sasha tremble de désir pour cet homme qu'elle déteste et qu'elle dégoûte. Instinctivement, les mains de la grande dame sont venues s’agripper aux bras puissants du videur. Et elles remontent, ces mains, jusqu’à son cou qu’elles caressent du bout des doigts, jusqu’à sa mâchoire qu’elles agrippent intensément. Ce baiser se veut puissant et significatif, comme si c’était le dernier.



( Pando )
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Sam 10 Sep - 14:42
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La rue entière les observait, les regardant, presque amusée de les voir perdre le contrôle aussi facilement. C’en était presque ironique de les voir autant souffrir et pourtant… Pourtant retourner inlassablement se jeter dans la gueule du loup. Passer à deux secondes de la noyade, sortir la tête de l’eau histoire de respirer légèrement entre deux baisers et retourner se jeter au fond de l’océan en prenant bien soin de sceller un boulet de canon à leur pied. Il aurait été capable de s’enchainer à l’encre d’un bateau pour se jeter à l’eau si on lui avait dit que Sasha se trouvait au fond de l’océan.

Il eut à peine le temps de sortir la tête de l’eau quand on vint les déranger, comme un tsunami tombant sur une pauvre esquif de pêche, le grouillot qui osa pousser la porte de métal se retrouva à devoir faire face aux yeux démoniaques de Sasha. Red se moquait éperdument d’elle, du moins c’est ce qu’il pensait. Sans doute qu’au fond de lui, il crevait d’envie que les éclairs qu’elle lançait avec ses yeux soient dirigés vers lui. Qu’elle déchaine son courroux sur lui si cela voulait dire qu’elle pensait à lui. Il se surprenait à vouloir exister pour lui, à se prouver qu’elle le voyait, qu’elle pensait à lui comme il pensait à elle. Qu’elle aussi avait été prise dans cette tornade, jetée à l’eau avec autant de violence que lui, entrainée vers les fonds marins, qu’elle se noyait, comme lui et qu’elle en mourrait si elle osait s’écarter de lui, comme lui.

Mais elle revint. Pour l’embrasser encore. Un baiser désespéré, un baiser qui lui donnait envie de s’arracher les yeux, un baiser qui lui donna l’impression qu’il venait de mourir. Sur place. Pour de vrai cette fois ci.
Red avait toujours joué au con avec la mort. Il se doutait bien qu’un jour elle finirait par le rattraper, à s’en prendre à toujours plus fort que lui, plus nombreux que lui, plus violent que lui (si c’était possible). Il était souvent passé à deux doigts de la mort, il s’en était souvent moqué, à recoudre ses plaies dans le confort d’un appartement miteux dont il ne prenait pas soin parce qu’il s’en foutait. C’était sans doute un miracle qu’il soit encore en vie et encore plus après ce baiser.


Il sentit ses mains accrocher ses bras, ses muscles, comme si c’était lui, qui allait l’empêcher de sombrer. Et lui, abandonnant sans doute tous les principes qui avaient fondé tout son être de la pointe de ses cheveux bruns jusqu’à celle de ses phalanges rougies et tordues, s’abandonna tout autant dans ce baiser. Y répondant avec autant de désespoir, autant de douleur et presque autant de dégoût. Il se dégoûtait. Il se trouvait dégoûtant de ressentir tout ça. D’en vouloir encore plus. De l’embrasser, encore et encore et encore et de ne jamais se détourner. Il se dégoûtait quand ses mains prirent de nouveau possession de sa taille. Elle était celle qu’il l’empêchait de couler, celle qui l’envoyait se noyer comme une lame de fond. Elle était un véritable tsunami, catastrophe naturelle détruisant tout sur son passage. Elle était son petit enfer personnel. Là où toutes ses peurs se concrétisaient et, étrangement, là où il continuait de se pâmer, baisant les pieds du diable, à le supplier, laissant danser sa langue contre la sienne, de le marquer encore plus, de le blesser un peu plus profondément, que du fiel coule avec le sang sur ses bras, de le tuer, une bonne fois pour toutes. Parce qu’il ne voulait plus vivre dans un monde où il la trouvait attirante. Et paradoxalement, il serait véritablement mort s’il avait arrêté de l’embrasser.
I don’t know how but everything went to shit.


« I’ll be here in a sec uh ? » Murmura-t-il contre ses lèvres, l’imitant, sifflant son petit sourire narquois habituel, se raccrochant à son sarcasme pendant sa chute libre dans le tréfond des ombres de ses yeux venimeux, « Liar. »


A ses mots, ses mains abandonnèrent sa taille pour se glisser sous ses fesses, se courbant légèrement sur sa silhouette presque trop frêle face à sa puissance et surtout face à lui pour la soulever du sol, la plaquant contre le mur du club, son bassin durci trouvant rapidement place contre le sien, se délectant presque trop du bruit de ses os contre le béton froid et humide, ses lèvres glissant de sa bouche à sa gorge qu’il embrassa. Peau parfumée, rose vénéneuse qui l’enivra au point où sa langue glissa lentement sur cette dernière, du creux de son épaule au lobe de son oreille, lèvres qui pincèrent sa gorge, adorant sentir le sang affluer, le goût ferreux de sa défaite cuisante. Il avait gagné la bataille. Et perdu la guerre.


@Sasha De Lorenzi
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Mer 14 Sep - 16:29

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@Shelby Wright
Dans sa tête, il n’y a plus que lui. Que Red. Que la pression de ses doigts cherchant à laisser des rougeurs sur sa peau, que la violence de ses bras qui la ramène contre lui pour l’empêcher de le quitter, que la rugosité de sa barbe qui frotte contre sa joue, ses lèvres, son cou, que la chaleur infernale de son corps qui presse de plus en plus contre le sien. Il n’y a plus que ça qui compte. Elle sent tout son corps vibrer pour lui, en redemander toujours plus, vouloir qu’il l’embrasse, qu’il la serre, qu’il lui fasse du mal mais aussi du bien. Il la rend folle, il le sait et prend plaisir à en jouer. Et elle prend plaisir à lui faire comprendre qu’il peut continuer. Qu’il doit continuer. Qu’il ne s’arrête jamais. Elle perd la tête pour lui. Elle perd tous ses principes. Tomber si facilement dans les bras d’une ordure telle que cet homme, elle ne s’en pensait pas capable. La voilà tombée bien bas. Et pourtant, elle prend une pelle et creuse encore plus. Elle s’enterre volontairement jusqu’au cou et prie pour qu’il l’achève. Si seulement. A la place, il la plaque contre le mur froid qui n’a pas la décence de lui rafraichir les esprits. Au contraire. Il empire tout. Elle enroule ses jambes interminables autour de sa taille et s’agrippe si brutalement à lui qu’elle laisse des marques de griffures rougeoyantes sur son cou.

Make me. Make me lie. I dare you. Elle le veut. Peu importe qu’il soit détestable. Peu importe qu’ils soient dans une ruelle sombre et infâme. Elle se décompose sous ses doigts, sous ses lèvres. Sans la moindre hésitation, elle a déboutonné son pantalon, glissé la main entre ses jambes et a trouvé sa virilité avec un sourire à la fois béat et diabolique. Arquée contre son corps, elle n’entend qu’une chose, les battements de son cœur affolés dans sa poitrine.

Et un cri. Encore un. Un cri qui la fait lâcher un râle d’énervement alors que les lèvres et les mains de Red la quittent. Elle manque de tomber lorsqu’il la relâche et a le réflexe de s’agripper de nouveau à lui pour qu’il ne s’écarte pas, mais c’est trop tard. Il a bien reconnu la voix et elle également, à retardement. Son cœur rate un battement. C’est le gérant de la boîte qui cherche son meilleur videur. Tels des danseurs de ballet, ils se croisent tandis qu’il se tourne vers la porte et qu’elle s’en détourne, se cachant dans son dos, entièrement dissimulée par ses larges épaules. Elle entend le patron demander à Red de retourner à son poste, lui dire que la pause est terminée, qu’il n’avait même pas à la prendre à cette heure-ci. Il ne remarque même pas sa braguette ouverte et se contente de faire demi-tour pour retourner superviser l’intérieur du club. Cette fois, c’est trop tard. Sasha a retrouvé ses esprits, durant le court laps de temps qu’a duré l’intervention du gérant.

Et elle lui en est reconnaissante, persuadée que s’il n’était pas intervenu, la situation aurait dérapé et passé le point de non-retour. Mais avec lui, c’est chose impensable. La grande dame s’éclaircit la gorge mais fait un pas en arrière lorsque le géant se retourne vers elle. Son regard glacial se pose sur Red. La mâchoire serrée. Elle ne laisse plus un mot ou un son s’échapper de ses lèvres. Elle est redevenue la beauté froide pour qui Red aurait pu mourir pour avoir ne serait-ce qu’une infime seconde de son attention. Elle vibre pourtant encore d’envie pour lui mais il est hors de question de lui montrer une seule seconde ses failles. Pendant un instant, le temps s’arrête. Ils passent de longues secondes, une éternité, à se fixer, comme s’ils cherchaient quelque chose à se dire. Mais elle crève de honte d’avoir tant envie de cet homme abjecte. Cependant, rien ne sort de ses lèvres.

Un pas en avant, puis deux. Elle s’empare de la poignée de la porte et l’ouvre. Cette fois, il ne tente pas de la retenir. Et elle ne s’arrête pas. Sans le moindre regard en arrière, elle s’engouffre dans le club et trace une ligne droite vers sa loge où son assistant a rangé ses affaires – plus ou moins bien, l’incapable. Okay, we’re going. Elle ne s’excuse pas d’avoir mis du temps, après tout, il est là pour elle. Pour l’attendre et répondre à tous ces besoins. En un rien de temps, elle est changée et a simplement gardé sa perruque et son maquillage, qu’elle retirera chez elle. Le Uber les attend déjà à l’extérieur pour les amener d’abord chez elle, puis ramener son assistant. Assise sur la banquette arrière, la drag queen est silencieuse, concentrée sur son téléphone. Elle n’accord pas la moindre attention à son employé. Plongée dans ses pensées. Celles-ci tournent en rond dans sa tête jusqu’à se projeter vers Red. Elle a encore la sensation de ses mains sur son corps, qui l’enserre, la serre, la touche, partout. Comme dans un rêve, elle arrive chez elle. Le chauffeur l’aide à sortir sa valise et, très vite, se retrouve seule dans cette grande maison, où très vite, elle étouffe. Elle ne se sent pas à l’aise, pas chez elle. Chez elle, ça a toujours été la West Coast, Los Angeles, San Francisco, la douceur de la Californie. Ici, elle n’est pas heureuse, mais là-bas, elle ne l’était plus non plus. Seule avec ses pensées, elle erre un temps dans cette maison trop grande pour une personne seule, avant de se décider à se démaquiller, retirer sa perruque et tomber dans son lit, sombrant immédiatement dans un profond sommeil.



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Jeu 15 Sep - 12:33
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TW: violence, vocabulaire cru, sang et blessure, homophobie, blasphème

Novembre 2002
Titubant dans les rues, une cigarette tachée de sang se consumant seule à la main, le nez tordu, l’arcade sourcilière éclatée, le visage et les mains couverts de sang, personne n’osait lui venir assistance. Il avait trop mal pour parler et les quelques lattes de sa cigarette qu’il arrivait à tirer lui brulait la gorge, couverte de stigmate violacés. C’était bien l’unique sensation qui lui permettait de ne pas s’effondrer, de garder les yeux ouverts, éveillé. Ses pas le portèrent jusqu’à un immeuble vétuste, devant lequel un groupe d’adolescents avaient installé une enceinte portable et passait de la musique à un volume qui aurait réveillé un mort. Pourtant, quand ils aperçurent Red, ils s’écartèrent de la porte, le fixant comme s’il était un extraterrestre et il ne pouvait leur en vouloir. Dans cet état, il n’avait plus rien d’humain.

Il passa une trentaine de minutes à monter les quatre étages avant d’arriver sur son pallier, sortant ses clés de sa poche pour ouvrir la porte. Dès qu’il entra, un doux fumet de bonne cuisine fit automatiquement disparaître toute la pression que ses épaules portaient, mais dès que le son de la télé allumée parvint à ses oreilles, toute la pression revint, lui enserrant la gorge cette fois-ci. Une femme vint à sa rencontre. La quarantaine, elle faisait beaucoup plus tellement ses traits étaient marqués par la fatigue et la douleur. Ses yeux étaient encore mouillés mais Red n’y fit pas attention. C’était bien trop habituel.

« Salut maman. » Arriva-t-il à peine à articuler.

Elle écarquilla les yeux te se jeta sur lui pour le soutenir, le faisant traverser le couloir sombre jusqu’à la cuisine. Eteignant le four, elle ouvrit le congélateur pour en sortir une poche de glace qu’elle enroulant dans un torchon avant de la lui tendre

« Tiens, ça devrait faire dégonfler… »

Il aurait voulu rester avec elle, il rêvait de lui parler. De lui raconter sa vie, ses malheurs, ses histoires, d’écouter les siens, qu’elle puisse enfin avoir quelqu’un à qui raconter les raisons qui faisaient que ses yeux ne séchaient pas et qu’elle portait tout le temps des manches longues même en plein été. Il connaissait ses raisons. Mais il aurait voulu l’entendre lui dire, pour qu’elle s’en rende compte, qu’elle arrête de faire comme si de rien était… Il aurait rêvé mais déjà, le bruissement du fauteuil en cuir et le lourd bruit des pas de son mari et père de Red dans le salon lui fit bien comprendre qu’autant agréable qu’il fut, ce moment de repos n’avait pas duré longtemps…

« T’as une sale gueule sombre merde. »

Bedonnant, bourré du matin au soir mais juste assez pour être encore plus énervé qu’il ne l’aurait été sobre, les insultes faciles et les coups encore plus. Il suffit d’un seul coup d’œil à sa femme pour qu’il remarque le four éteint et qu’il explose

« Non mais c’est une blague ? T’as vraiment arrêté de me faire à bouffer pour t’occuper de ce connard ? Mais tu te crois où ? Putain si dans dix minutes le repas est pas prêt tu dors dehors ! »

Red aurait voulu exploser, il aurait trouvé la force, quelque part, pour tenir tête à son père, il aurait tellement aimé attraper l’une des nombreuses armes à feu qu’il gardait, restant légionnaire même à la retraite et surtout très partisan du port d’arme par les citoyens et lui exploser la tête, tapisser les murs de sa cervelle. Il aurait adoré mais sa mère se pencha sur lui et lui souffla

« Monte dans ta chambre chéri, on mange dans dix minutes. »

S’étant déjà détourné pour aller se rasseoir dans son fauteuil, son père grogna

« Non, JE mange dans dix minutes. Le chien mangera les miettes, s’il en reste. »


Present day

Red n’était pas saint d’esprit. Sans doute qu’il serait considéré comme du pain béni pour énormément de thérapeutes. Planche à billets tellement rempli de problèmes qu’il en aurait pour quinze ans à devoir justifier ses accès de colère. Quinze ans alors que la réponse était toute trouvée. Son père. Son père, légionnaire retraité qui ne perdait pas une occasion pour taper sur tout ce qui bougeait, complètement accro à la violence, à la cruauté, raciste, homophobe, transphobe. Son Amérique à lui était blanche, patriote, beaucoup trop à droite. Et Red, à force de grandir là-dedans, à force de recevoir cette même éducation en boucle qui lui apprenait que tout ce qui n’était pas comme lui méritait de crever, avait pris énormément de traits d’un homme qu’il avait toujours détesté.
Il se rappelait encore trop bien, les balades nocturnes, quand il passait ses nuits entières à tabasser des innocents dans des bars miteux lors de combats clandestins organisés par il ne savait pas qui. A cette époque et depuis cette époque d’ailleurs, seul l’argent l’intéressait.

Jusqu’à ce que Sasha entre dans sa vie. Beaucoup trop violemment d’ailleurs… Rien de ce qui le composait, ni lui, ni ce qu’il aimait n’avait été doux ou fait en douceur. Toujours de la violence, du sang, des larmes.
Et c’est cette même violence, issue de ses tripes, de ses gènes, qui, au sortir du taff, l’entraina à marcher dans une direction qu’il ne connaissait que trop bien. Il connaissait son adresse. Par cœur. S’il était truffé de défaut, il avait au moins une qualité : sa mémoire. C’était un excellent physionomiste. Capable de mémoriser à la perfection les visages des fouteurs de merde. Et il s’était rappelé, purement par hasard, avoir vu l’adresse de la villa de Sasha, quelque part, sur une feuille de service. Et ces deux lignes n’avaient jamais quitté sa tête.

« Bloody hell… » Injonction lâchée en crachant sur le macadam froid, sa cigarette se consumant seule entre ses doigts alors qu’il arrivait enfin devant la bonne porte, jugeant la maison du regard, comme s’il s’apprêtait à l’affronter.
La serrure ne résista pas longtemps. Ouvrant la porte d’entrée en faisant attention à ne pas la faire grincer et la refermant aussitôt, s’assurant qu’aucun voisin ne l’avait vu entrer, il jeta un dernier regard à sa cigarette ou plutôt à ce qu’il en restait, fumant encore sur le trottoir alors qu’il fut bientôt à marcher dans le noir de sa villa, les yeux grands ouverts, captant le moindre signe de lumière qui aurait pu l’aider à s’orienter. La LED de la mise en veille de la télé, le micro-onde…

Après quelques minutes à arpenter les couloirs, il tomba enfin sur sa silhouette endormie, dans son lit. Qu’est-ce qu’elle était belle… A la voir sans défense et surtout sans savoir qu’il planait sur elle une menace qu’elle ne pouvait pas voir venir, son sang n’en fit qu’un tour. Il avait repris le dessus. Enfin. Et cette simple pensée suffit à rendre son pantalon et son caleçon beaucoup trop étroit.
Poussant un grognement silencieux qui se perdit bien facilement dans le bruit ambiant de la rue et de la maison en elle-même, il glissa sa main entre ses jambes, restant debout, à la regarder, retrouvant bien vite son membre qui durcissait trop et trop facilement à cause d’elle, de cette visio, de son corps détendu…

Red était un rapace. Un véritable vautour. Oiseau de mauvaise augure qui n’apportait rien de bon. Catastrophe naturelle, fin du monde…
Au bout d’un moment, se toucher ne suffit plus. Il fallait la réveiller. Elle devait profiter aussi. Voir qu’elle le désirait comme lui la désirait. Elle devait craquer, elle devait perdre. Lui prouver qu’elle ne pouvait pas lui résister.
Alors, refermant seulement sa braguette, laissant sa ceinture et les boutons de son jean ouverts, il se pencha sur elle, glissant sa main aux odeurs de tabac froid sur sa joue blanche, s’amusant à faire passer des mèches de ses cheveux derrière son oreille avant que ses doigts ne dévalent son bras, ses flancs, sa hanche…



@Sasha De Lorenzi
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Mar 20 Sep - 19:39

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@Shelby Wright
Le sommeil de Sasha est lourd. Peut-être à cause de l’épuisement qui l’a submergée au moment où sa tête a touché l’oreiller de son lit, ou peut-être encore à cause du comprimé ingéré avant de s’allonger. Mais au moins, elle dort et c’est tout ce qui lui importe car Sasha est fatiguée. Elle n’a plus envie de réfléchir, plus envie de penser. Il y a trop de bruits dans sa tête. Ça hurle, ça se bouscule. Elle est en train de renier tout ce pour quoi elle s’est toujours battue, tout ce qu’elle est, à embrasser quelqu’un comme Red. Il n’est pas de son monde et n’en sera jamais. Il ne la comprendra jamais. Et elle, elle est en train de le trahir, de trahir sa mémoire, de cracher sur l’amour qu’il lui a donné, sur la force qu’il lui a transmise. Que penserait-il d’elle, à ce moment précis ? Sans doute la trouverait-elle pathétique. Il aurait honte de l’avoir aimée. A cette pensée, même inconsciente car la grande dame est bel et bien endormie, la blessure profonde de son cœur s’ouvre à nouveau et recommence à saigner. Elle bat douloureusement. C’est cette douleur qui, lentement mais sûrement, la tire de s on sommeil au beau milieu de la nuit.

Toutes les sensations reviennent d’un seul coup, comme une gifle. La sensation des draps par-dessus sa peau nue car elle n’a même pas eu le courage de remettre un caleçon avant de se coucher. Un petit courant d’air frais qui la fait frissonner des pieds à la tête. Des mèches de ses cheveux calées derrière son oreille. Une trace fraiche sur sa joue et le long de son bras. Et une main sur sa hanche. Le réveil est brutal. Elle sursaute, la grande dame, et entame un mouvement de recul mais ne s’échappe pas du lit car la main sur sa hanche raffermit sa poigne et une autre vient se poser sur sa bouche, la clouant contre son oreiller. Si aucun cri ne lui a échappé car elle est encore trop assommée par le sommeil, de petits gémissements de terreur se faufile à travers les doigts de l’intrus. Son cœur bat la chamade, si fort qu’elle n’entend que ça pendant un court instant. Ses yeux ont du mal à s’adapter à la pénombre si bien qu’elle ne reconnait pas tout de suite son agresseur. Il est penché sur elle et bloque entièrement une potentielle source de lumière qui pourrait éclairer son visage.

Did you think you could escape me so easily? Did you think you were untouchable? Cette voix chaude et suave, elle la reconnait instantanément. Elle lui provoque un sursaut si violent qu’elle vibre doucement sous ses mains. Pour la première fois, Sasha a peur. Elle est terrifiée par ce que Red pourrait lui faire. Ses grands yeux bruns sont écarquillés et le fixent, ahuris. La main qui, auparavant, tenait ses hanches entame une lente descente entre ses jambes. Elle est douce. Délicate. Tendre, même. Rien ne fait sens actuellement, pour Sasha. Elle tremble de tout son corps, attrape son poignet mais ne trouve pas la force de le repousser, croise les jambes mais ne fait qu’emprisonner sa main exactement là où elle veut être. D’un regard, il lui fait promettre de ne pas crier mais au rythme où son cœur bat et où son souffle quitte ses poumons, elle sait déjà qu’elle en sera incapable. L’angoisse lui enserre la poitrine. Elle arrive à peine à respirer, comment veut-il qu’elle crie ? Les lèvres entrouvertes, elle tente de calmer son cœur qui semble sur le point d’exploser.

Petit à petit, ses yeux se sont habitués aux ténèbres et elle arrive enfin à discerner le scintillement des yeux de Red. Ils sont doux, ses yeux. Ils lui hurlent qu’il ne lui veut pas de mal, qu’elle ne risque pas sa vie. Sasha a milles et une question à lui poser. Que fait-il ici ? Comment est-il entré ? Que lui veut-il ? Pourquoi elle ? Pourquoi eux ? Mais elle n’a pas suffisamment de souffle pour entamer ne serait-ce qu’un murmure.

La pièce est si silencieuse qu’il lui semble alors que même la rue s’est tue à l’arrivée de Red. Même eux ne bougent plus. Ils se dévisagent sans un mot. Sans violence. Elle ne se sent pas en danger. Les questions se poseront plus tard. Elle a du mal à l’admettre mais sa présence ne lui déplait pas.
Alors, comme si le monde se remettait à tourner d’un seul coup, elle relâche son poignet, ses jambes se détendant petit à petit sous sa caresse, et glisse une main dans ses cheveux pour amener leurs lèvres les unes aux autres. Alors qu’elle pensait ainsi apaiser son cœur, celui-ci s’emballe encore plus. Qu’est-ce que tu fous ? Réfléchis un peu. Tu te fais du mal. Elle l’ignore et attire Red encore plus près d’elle. Sans rompre le baiser, ses mains se sont frayées un chemin jusqu’à son t-shirt qu’elles remontent à la hâte pour passer par-dessus sa tête et le jeter dans un coin de la pièce, probablement sur la tête de la panthère en plastique décorative qui, au moins, sera épargnée par leurs ébats. Mais bien vite, elle s’aperçoit que si elle l’embrasse à nouveau, elle risque probablement de mourir entre ses bras, asphyxiée, tant elle est incapable de respirer.
Son regard l’implore. Help me. Aide-moi. Elle ne sait pas comment. Elle ne sait même pas s’il comprendra. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’à cet instant précis, elle a envie de lui autant qu’il a envie d’elle et que la sensation de son bassin pressé contre sa jambe est enivrante, et qu’elle ne veut pas le laisser repartir.



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Mer 21 Sep - 11:50
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Mar 27 Sep - 1:46
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