(zhou) nouvelle maison, nouvelle vie.

@Zhou Tsoi Han    
fin juin

Après avoir quitté le domicile familial, Raya avait cru qu'elle aurait aimé vivre seule. Elle s'était empressée de louer un petit studio, pour vivre enfin comme bon lui semblait, pour inviter qui elle voulait et faire ce qu'elle voulait sans personne sur son dos. Elle avait très rapidement déchanté. Raya était habituée aux bruits, aux cris, au monde autour d'elle. Raya aimait entendre ses frères l'appeler, elle adorait les embêter aussi, bref, elle n'était pas faite pour vivre par elle-même, sauf qu'elle ne pouvait retourner chez sa mère, déjà parce qu'il n'y avait plus ses frères, mais aussi parce qu'elle ne voulait pas que sa mère ait eu tellement raison à son sujet.

Voilà pourquoi elle s'était mise à éplucher les petites annonces. Puis, par le bouche à oreille, elle avait fini par entendre parler de Zhou, l'apprenti tatoueur de son grand frère et le père de ce jeune homme qui cherchait des colocs pour son fils. La villa était luxueuse, au bord de la mer, immense et pour un prix correct. Raya n'avait pas trop hésité, bien sûr, elle avait compris qu'il fallait del la compagnie au jeune homme malade, mais elle était infirmière, pourquoi ne s'en sortirait-elle pas ? Tout se passerait bien et surtout, elle ne serait plus seule.

Pourtant, en appuyant sur la sonnette d'entrée, Raya est complètement intimidée. La maison ne ressemble en rien à ce qu'elle a connu, le quartier où elle a vécu lui paraît être hors de la ville, dans un autre monde. Elle inspire doucement pour se donner du courage, puis entre dans la propriété une fois que le petit portail s'ouvre. En quelques pas, elle traverse le jardin avat de se retrouver devant la porte d'entrée. Elle est imposante, vraiment, et Raya se sent toute petite. Pourtant, elle revêt son plus beau sourire en attendant que le maître des lieux lui ouvre. Elle imagine qu'elle a affaire au père, pour la visite, même si elle a déjà signé les papiers et s'est engagée pour au moins six mois. Pourtant, quand la porte s'ouvre enfin sur un jeune visage, Raya comprend qu'elle a face à elle son coloc. Un gars qui a tout à fait l'air normal, son père en aurait-il trop fait ? Son sourire s'élargit encore. « Enchanté, moi c'est Raya ! La nouvelle coloc ! » Elle ne sait pas si elle doit tendre la main, faire la bise ou le serrer dans ses bras, du coup, elle préfère attendre un mouvement de sa part à lui.

@Zhou Tsoi Han    

Raya est soulagée de ne pas tomber sur le père, mais direct sur le coloc, elle a l'impression qu'on lui a pas tout dit, mais sa bonne humeur ne la lâche pas et elle sourit de toute ses dents. Soyons optimiste et positive et tout ira bien. Cette phrase pourrait être sa devise, ah, si seulement Raya savait tout ce qui se passe de mal dans sa vie avec sa famille et le reste. Elle a été un peu trop protégée pour comprendre que le monde n'est pas aussi rose et bleu qu'elle l'imagine.

L'avantage, c'est que Zhou est aussi tactile qu'elle. Une bise plus tard, elle regarde les murs de l'entrée. La petite pièce est pratique, elle se déchausse rapidement, sentant que c'est la chose à faire.

« Ouais, carrément pour la visite, je te suis ! » s'exclame-t-elle en souriant. Elle est la première et ça lui fait songer qu'elle a une idée d'un autre nom, une super amie qui cherche un appartement; Si la maison est vraiment canon et qu'elle s'entend bien avec Zhou, elle prononcera le nom de Lucia comme potentielle coloc.

Elle suit les pas de son coloc pour entrer dans la pièce suivante, mais elle ne peut s'empêcher de parler, il y a trop de choses qu'elle ignore et puis, on peut bien discuter en visitant non ?

« En fait, je ne sais presque rien de toi. » souffle-t-elle avec un demi-sourire encourageant. « Je sais que tu t'appelles Zhou et que tu es Bipolaire, mais je veux en savoir plus sur toi. Ce que tu aimes, ce que tu fais pour te détendre, ton style de musique, tes hobby ! »

Elle a parlé de la maladie sans détour, parce que ce n'est pas une honte à prendre avec des pincettes, elle est infirmière, elle sait qu'il vaut mieux dire les choses sans pourtant y accorder une importance démesurée. Elle a donc dit le nom, puis est passée à autre chose, à ce qui est vraiment important. Qui il est lui et comment il se définit. Elle se mord la lèvre et demande à nouveau.

« Et moi, tu sais quoi de moi ? Ton père m'a pas demandé grand chose, il voulait surtout savoir si j'étais motivée et que j'allais payer. »

Elle rigole doucement en se disant que son père avait un peu trop demandé sa motivation pour qu'elle n'ait pas des doutes, mais en le voyant là, elle a envie d'être son ami, elle veut faire au mieux et puis surtout, elle veut vivre dans cette baraque. Un peu un rêve qu'elle ne savait même pas avoir fait.

« Tu m'dis si j'parle trop. » déclare-t-elle soudain, se rendant compte qu'il n'a pas ouvert la bouche lui.