(Billie) et brûlent les souvenirs

Une année en enfer, si ce n'était une décennie ou toute une vie. C'était comme ça qu'elle voyait les choses aujourd'hui, morose, noire et pourtant, dans un recoin de son crâne, toujours, faisant vibrer son palpitant, cette petite lueur chaleureuse qui l'attirait doucement. Finalement, pour tourner la page et écrire un nouveau chapitre de sa vie, celui qui comporterait peut-être le sauvetage de l'héroïne, Rory faisait confiance au festival de boat fire, rien de mieux que de brûler le passé et les souvenirs pour avancer. Et à défaut de pouvoir brûler personnes qui lui causaient du tort, elle allait au moins pouvoir tirer un trait sur la boite à souvenir qu'elle conservait jalousement chaque année, prête à prendre la voie des flammes dès que l'occasion se présentait. C'était finalement comme ça qu'elle procédait, chaque année, à chaque instant, chaque contradiction, chaque élément perturbateur, elle écrivait sur un petit bout de papier ce qui la contrariait pour l'ajouter à l'éternelle collection de mauvais souvenirs dont elle voulait se débarrasser. Ces petits morceaux de papiers abîmés qui se perdaient là, au milieu des polaroids déchirés et des autres petits éléments de sa mémoire dont elle ne souhaitait rien de plus, que de les voir disparaître pour de bon.

"Je bouge maman, fais attention à toi. Tu m'appelles si besoin.", la porte qui claque et la voilà qui espère que son téléphone ne sonnera pas, qu'elle pourra souffler pour de vrai, au moins une fois. Elle n'est pas si loin de la plage, pas si loin de pouvoir se débarrasser de toutes ces petites choses qui ont pris une place trop importante dans l'abysse de son âme amochée. Sa petite boite entre les mains, elle révise en silence le programme dont elle a lu les lignes quelques heures plus tôt. Bar à cocktail, dégustation, limbo… Un vrai festival de vacances alors même qu'elle n'a plus mis les pieds dans le sable et pris un jour de repos depuis… Et bien depuis le début de l'été. Espérant croiser des têtes connues qui lui permettront de se sortir de ses lugubres pensées, elle s'égare un peu à observer les festivités qui se dessinent peu à peu devant elle, les sourires sur les visages, les regards brillants. Elle porte son masque mieux que quiconque, déjà prête à conquérir le reste du monde avec un semblant de bonheur dans le regard. "Bordel de merde, y'a du monde.", elle lâche un juron ou deux, ne prenant pas vraiment garde aux personnes qui l'entourent et dont les regards parfois outrés sont déjà tournés vers elle.  

Le besoin de se vider l’esprit et sûrement le cœur était gros en ce moment. La blonde, elle avait besoin de tout ça par moment et c’est le moment idéal avec le boat fire. La jeune femme allait pouvoir se libérer, laisser les choses disparaître. Définitivement ? Sûrement pas. Elle sait parfaitement, Billie, que tout reviendra encore une fois. Elle sait parfaitement qu’elle n’pourra pas faire une croix définitive sur tout ça, sur les choses qui lui collent à la peau. Les souvenirs blessants qui ne s’effaceront jamais. Les mots ancrés dans son esprit. Et même dans son cœur. Elle se demande même quand ils seront capables de s’imprimer dans sa peau, les faire écrire en noir ou en blanc. Tout ça, c’est une autre histoire. Alors elle avait fait une lettre, Billie, elle avait écrit ce qui pèse. Elle avait écrit ce qui fait mal dans le fond de son être pour laisser la feuille brulée parmi les autres souvenirs. Que personne ne puisse savoir ce qu’elle capable de ressentir, le mal qui ronge un peu plus chaque jour sans qu’elle n’puisse rien faire. Seule, elle n’a pas pris le temps de proposer à quiconque de venir avec elle. Ce besoin d’solitude. Besoin d’faire ça toute seule – surtout pour ne pas avoir à parler de ce qu’elle avait envie de brûler, le souvenir dont elle avait envie de faire disparaître. Les autres se poseront des questions et elle n’aurait pas été à l’aise avec ça. L’événement est capable d’attirer du monde. Les gens ont envie de faire disparaître un souvenir douloureux – la plupart du temps – ou simplement de fermer un livre avec cet événement. Elle n’juge pas la poupée, elle constate à quel point tout le monde peut être fracasser, blesser ou simplement casser. Personne dans ce monde ne fonctionne correctement. Personne dans ce monde ne peut être sain, c’est inhumain de l’être, non ? Cette pensée est capable de la faire sourire, incapable de se retenir elle le laisse se dessiner sur son visage avant d’entendre une voix. Une voix qu’elle est capable de reconnaître alors sans attendre, elle avançait vers celle-ci. Presque impatiente de voir la brune à qui elle appartenait. Rory ne posera pas de questions. Rory ne cherchera pas à insister ou alors les mots sortiront plus facilement – du moins certains. Billie, elle n’pourrait jamais tout dire. Elle gardera toujours une partie de secret pour elle, sûrement par honte. Les choses sont ainsi dans sa vie. Le corps de la plus jeune s’arrêta derrière celui de la brune avant d’reprendre la parole. Ce n’est que le début, t’es au courant ? Quand tu vas t’approcher du feu, ça sera bien pire. Petit sourire au coin. La Frazer, elle est heureuse de la voir. Cela faisait longtemps. Puis il y aura sûrement moyen de s’amuser en sa compagnie, sûrement moyen de rendre cette soirée un peu moins morose, non ? Tu m’aurais presque manqué, tu sais. Elles n’avaient pas de sang en commun et pourtant, Rory était comme une sœur pour la benjamine. Rory était une partie importante de son cercle familiale. Une partie rajoutée. Mais pas moins importante. Comme une nouvelle sœur à qui elle est capable d’tout confier sans le moindre problème.

@Rory Porter

ft. @Billie Frazer

Indépendament de ses humeurs maudites, la brune n'avait pas perdu le fil de l'image qu'elle reflétait au reste du monde. Souriante, solaire, toujours prête à tendre la main à quiconque en aurait besoin. C'était au final, un véritable feu d'artifices intempestifs dans son crâne, une bataille éternels entre ses démons et le paraitre qu'elle laissait à la face visible de la lune. Rater l'occasion de tourner la page d'un passé douloureux, elle ne l'aurait risqué pour rien au monde, c'était, sans l'ombre d'un doute, l'unique raison qui la poussait à sortir ces derniers temps. Et ça avait été sa source de motivation pour l'année précédente, comme un crédo qu'elle se répétait à chaque fois qu'elle devait prendre une décision. Saute le pas, de toute façon tu brûlera tout ça dans le bateau et on en parlera plus. son one life à elle, annonciateur, bien trop souvent, des conneries qu'elle allait finir par faire. Rory adorait le festival, mais elle détestait de plus en plus la foule. Et se retrouver ici toute seule la faisait presque frissonner d'angoisse. Est-ce qu'elle haïssait la foule parce qu'elle ne s'y sentait pas à sa place ou bien elle détestait la foule parce qu'elle n'était plus capable d'aimer les gens comme elle l'aurait fait avant ? Cornélien dilemme pour un petit bout de vie à peine capable de savoir ce qu'elle compte faire de son avenir. Arrêté net dans sa lancée, comme pour admirer le monde déjà bien présent sur place, elle laisse ses jurons prendre le dessus et soupire déjà, se demandant ce qu'elle a bien pu avoir en tête quand elle a décidé de venir ici en pleine journée sans attendre la nuit. Ce n’est que le début, t’es au courant ? Quand tu vas t’approcher du feu, ça sera bien pire. La voilà qui sursaute, surprise par une voix qui s'élève derrière elle. Une voix qu'elle pourrait reconnaitre entre mille tant elle l'a entendu et tant elle aime à l'écouter. Billie. Petit bout de femme dont la simple présence avait imposé un sourire sur le visage de Porter qui avait lentement tourné son corps pour faire face, sans autre étonnement, à sa cousine. "Quand je m'approcherais du feu, ce sera pour y pousser les gens." elle laisse échapper un ricanement, ses vapeurs absurdes qui embrumaient sa tête s'évaporant presque instantanément à la vision de la blonde. "Presque manqué? Même pas un petit peu ?" elle porte sa main à son cœur, mimant le désespoir, activant par la même occasion ses côtés drama queen. "Qu'est-ce que mini Frazer compte faire brûler cette année ? Si faut pousser Micka, compte sur moi !" Un sourire encore, comme une automate. Evidemment qu'elle ne poussera pas Micka dans le bateau, quoi qu'elle serait de nouveau face à un choix difficile, puisqu'elle aurait à choisir entre Billie et lui et qu'elle ne s'en sentirait tout bêtement, pas capable. Billie était de ces membres de la famille Frazer avec qui Rory avait toujours été en bon terme et si pendant longtemps, Blake avait aussi eu ce statut particulier, seule la plus jeune des Frazer avait aujourd'hui ce statut de presque sœur aux yeux de la brune, bien qu'elle crève d'envie de comprendre l'éloignement si soudain de la plus vieille.
Posée là face à la blonde, Rory n'avait pas osé faire un véritable geste vers elle, trop hésitante à un contact avec quiconque. Est-ce qu'elle devait lui faire un câlin ou lui serrer la main ? Simplement lui sourire ? C'était si flou dans sa tête qu'elle en rirait presque. Décidemment, même en famille ses aptitudes sociales laissaient à désirer.