(swann) une météorite ? ça n'fait que passer.

Le mal de tête te vrille le crâne et tu as beaucoup de mal à ouvrir les yeux. Ton nez, ton dos et tes pieds te font mal, ta gorge est sèche. C’est un « fuck » rauque qui quitte tes lèvres quand tu ouvres enfin les yeux. T’es une loque humaine, allongé sur le sol de ton appartement.

Tu ne te rappelles plus de rien, mais tu sais que les souvenirs vont finir par remonter à la surface. Doucement, en prenant leur temps, heureusement que tu ne bosses pas avant dix-huit aujourd’hui, tu regardes ton téléphone, il est dix-sept heures. « Merde, merde, merde. » T’hésites à appeler ta manager pour décaler le boulot à demain, mais clairement, tu sais combien ça va être mal reçu. C’est pas une gueule de bois qui est censé t’arrêter et eux, ils en ont rien à faire. Tu dois être en état de servir des cocktails et des bières toute la soirée. C’est ton boulot, t’as signé pour ça il y a quelques mois, c’est à toi de tout mettre en pratique pour y arriver. Tu files prendre une douche, c’est là que tu vois ton visage, et les pansements. T’étais même pas au courant que tu en avais ni que tu t’en était mis. Merde, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Black-out total, mais tu commences à avoir un mauvais pressentiment.

Tu t’actives et arrive cinq minutes avant de commencer, pile poil. T’es accueilli par un sourire du DJ, et ça te fait du bien. Roméo est devenu un ami, il faut dire que visiter les entrailles d’un bar ça aide à forger des liens. Tu t’installes et commence à bosser. Bien vite, tu n’as plus le temps de penser. « Ah ouais, il t’a pas raté Kamille ! » s’exclame soudainement un client. Tu hausses les sourcils en apprenant une part de la nuit précédente et les flash te reviennent. Une bagarre, dans la cour du bar. Eh merde, ta manager va gueuler, tu comprends mieux son regard sec quelques minutes plus tôt quand elle est passée. Tu te passes la main sur le front et recommence à servir les verres. « C’était qui la nana qui t’a raccompagné ? » demande un autre client, quelques heures plus tard. Son regard est interrogateur, mais un mince sourire amusé s’est dessiné sur ses lèvres, toi, tu deviens blanc. Une fille ? Quelle fille ? Pas LA fille quand même. Parce que tu la revois, Swann, elle était là, au part. C’était la raison qui t’a poussé à te battre, t’en es sûr. Putain de merde.

Les dernières heures sont plus dures, tu as toujours ce trou noir, qui ne sera comblé que par elle, personne d’autre ne peut t’offrir la vérité, mais est-ce que tu la veux ? Tu la désires tellement que t’es en colère, contre toi-même. Tu ne pouvais pas juste la haïr en silence ? Non, il faut que tu songes à votre amitié perdue et que ça te torde les entrailles. Tu veux revenir au temps où tout était parfait, avant Sebastien. Mais ça n’existe plus, c’est impossible.

Et les jours passent de cette manière. Une horrible intuition te parcourt le corps, tu espères croiser son regard, tout en espérant ne plus jamais la voir. Tu ne sais pas, tu es perdu, tu lui en veux - d’avoir fait ce qu’elle a fait, mais aussi de ne pas faire plus d’effort pour revenir vers toi - tu t’en veux à toi-même.

Puis, un jour, tu ne sais pas s’il s’est passé 15 minutes, 5 jours ou 3 ans depuis votre dernière altercation, tu lui envoies un message, un texto, parce que t’as toujours son numéro, de toute manière il était sur le dossier de l’avocat.

Liam a écrit:

Je nourris les canards au parc Magnolia.

Est-ce pour enterrer la hache de guerre ? Est-ce pour assouvir une curiosité malsaine et enfin connaître la vérité ? Est-ce que tu appâtes ? Tu n’as pas la réponse à ces questions, la seule chose que tu sais, c’est que tu te sens très très con.